7198. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Berlin, 15 janvier 1756.

J'ai reçu votre rapport du 2 de ce mois. Ne sachant point attribuer la cause de ce que vous ne me marquez rien encore au sujet du mémoire et de la déclaration que le ministère de France a fait faire à celui de l'Angleterre pour réclamer toutes les vaisseaux et prises faites sur les Français,35-4 qu'au retardement des postes que vous accusez, j'attends le rapport que vous me ferez là-dessus et sur l'impression que cette déclaration a faite sur le ministère anglais.

D'ailleurs, ma volonté expresse est que vous prendrez d'abord occasion, au sujet de la déclaration susdite, d'insinuer de ma part aux ministres anglais que, comme il paraissait assez clair par cette déclaration que la France souhaitait encore de pouvoir conserver la paix avec l'Angleterre, et que d'un autre côté le roi de la Grande-Bretagne, tout comme ses ministres, avaient déclaré qu'ils n'avaient jamais varié dans le désir le plus sincère de mener les choses à un accommodement [juste]<36> et équitable, je ne saurais pas à la vérité savoir les vraies intentions desdits ministres, mais que, si elles étaient telles qu'ils les avaient déclarées, et qu'ils souhaitaient en conséquence de pouvoir conserver la paix et éviter toute rupture ouverte avec la France, je laissais à leur considération s'ils voulaient s'ouvrir confidemment envers moi36-1 sur ce qu'ils voudraient faire de propositions à la France au sujet de la susdite déclaration, dans la vue de rétablir la tranquillité publique; que je m'engageais et promettais à eux de vouloir agir avec toute la bonne foi et candeur là-dessus et communiquer fidèlement et sans rien changer aux termes, pour faire ouverture à la France des propositions qu'ils me confieraient, afin de voir s'il y avait moyen par là de procurer un accommodement juste et équitable, pour conserver la tranquillité publique et la paix entre les deux puissances.

Dès que vous aurez la réponse des ministres anglais à ce sujet, vous ne manquerez pas de me l'expédier d'abord, avec votre rapport, par un courrier exprès que vous me dépêcherez.

Federic.

P. S.

Vous direz aux ministres que je croyais manquer à la France et à l'Angleterre, si je ne saisissais pas la conjoncture présente pour leur faciliter tous les moyens de se raccommoder; que ce que j'en faisais, était à l'insu de la France; que je ne m'étendrais aucunement sur les arguments qui pourraient porter le roi d'Angleterre à me confier son dernier mot; que je m'en rapporte aux lumières supérieures de ce grand prince, qui verra mieux que je ne puis lui faire sentir, le plaisir qu'il ferait à toute l'Europe, si par sa modération il voulait donner les mains à un accommodement. Pour moi, je n'y ai d'autre intérêt que le bien des deux royaumes, je crois qu'un accommodement n'est pas impossible, et le roi d'Angleterre peut être persuadé que, s'il me charge de quelques ouvertures, je les rendrai fidèlement aux Français; que, non content de cela, je ferai mon possible pour les rapprocher, pour les réunir et leur éviter par un accommodement raisonnable les hasards auxquels ces deux royaumes sont sur le point de s'exposer.

Je serai bien aise que vous fassiez lire aux ministres eux-mêmes le passage concernant les propositions contenues dans la présente dépêche, avec le post-scriptum que j'y ai ajouté de ma propre main, ou bien que vous le leur lisiez d'après l'original de ladite dépêche.

Nach dem Concept; der Zusatz „par ordre exprès de Sa Majesté“ . Das „P. S. de la main propre du Roi“ nach Abschrift der Cabinetskanzlei.

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35-4 Vergl. S. 32—34.

36-1 Vergl. Bd. XI, 233. 253. 254.