7196. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

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Knyphausen berichtet, Paris I. Januar: „Il est vrai … que M. le maréchal de Belle-Isîe a été mandé à Versailles et que le Roi lui a conféré le commandement général des côtes septentrionales depuis Dunkerque jusqu'à Bayonne. Cette démarche paraît indiquer que le plan d'opération que ce maréchal a remis, … a été approuvé et que ce sera lui qui sera chargé de faire sur la côte de La Manche les dispositions nécessaires pour l'exécution de la descente dans les îles de la Grande-Bretagne qu'il a proposée par ce projet32-4 … Le silence obstiné que la cour d'Angleterre continue à garder sur l'usage qu'elle compte de faire des vaisseaux que ses escadres ont pris à la France,32-5 tant dans les mers de l'Europe que dans celles de l'Amérique, depuis le mois de juillet dernier, a enfin déterminé Sa Majesté Très Chrétienne à demander une explication à ce sujet au roi de la Grande-Bretagne. Elle a fait dresser pour cet effet un mémoire qui porte en substance qu'elle aurait tiré sur

Berlin, 12 janvier 1756.

J'ai reçu votre dépêche du 1er de ce mois, dont j'ai été très content par tout ce qu'elle comprend d'intéressant. Ma plus grande curiosité est à présent de savoir de vous le temps précis où vous croyez que le maréchal de Belle-lsle voudrait commencer à mettre en exécution son plan d'opération contre l'Angleterre; sur quoi, vous tâcherez de me satisfaire au plus tôt possible.

J'ai tout lieu de présumer que la déclaration que le roi de France a fait faire à l'Angleterre, en lui demandant une explication sur les vaisseaux pris par les escadres anglaises, ne fera guère impression sur le roi d'Angleterre et que la

le-champ une vengeance éclatante des premières insultes faites à son pavillon par l'amiral Boscawen,33-1 si les assurances que le roi de la Grande-Bretagne n'avait cessé de Lui donner du désir dont il était animé pour le maintien de la paix, ne lui etissent fait espérer que cet amiral avait agi sans ordre et que ce Prince aurait désavoué à son retour en Angleterre33-2 une démarche aussi irrégulière et aussi opposée au droit des gens et aux bienséances que toutes les nations policées avaient coutume d'observer. Mais que, comme Sa Majesté Britannique, loin de remplir une pareille attente, avait non seulement donné des ordres pour continuer les pirateries qui avaient été commencées contre la France pendant son absence, mais avait même demandé publiquement des secours à son Parlement contre ce royaume,33-3 et qu'il était prouvé, d'ailleurs, de la façon la plus incontestable que le gouvernement d'Angleterre avait prémédité dès l'année 175433-4 les démarches offensives qu'il avait exécutées l'année suivante contre les possessions de la France en Amérique, Sa Majesté Très Chrétienne ne saurait contenir plus longtemps, sans manquer à sa gloire et à la protection qu'elle devait à ses sujets, le juste ressentiment que lui inspiraient des procédés aussi iniques. Qu'avant cependant d'en faire éclater les effets, elle avait jugé à propos, afin de donner à toute l'Europe une dernière preuve de sa modération, de requérir publiquement Sa Majesté Britannique de remettre en liberté sans aucun délai tous les navires, tant de guerre que marchands, portant pavillon français, qui avaient été pris par ses armateurs, avec leurs équipages et cargaisons; qu'eu pareil cas Sa Majesté Très Chrétienne serait encore disposée à renouer la négociation qu'elle avait entamée ci-devant avec l'Angleterre,33-5 et à se concilier avec elle sur les moyens de satisfaction qu'elle avait droit d'exiger en réparation des insultes faites à son pavillon; mais que si, contre toute espérance, Sa Majesté Britannique ne se prêtait point à une de-

réponse là-dessus sera peu satisfaisante, au moins présentement.

Je doute encore que ni le Danemark ni la Suède se mettent en grands frais pour se prêter aux vues de la France pour une union de leurs forces maritimes,33-6 quand même les Anglais leur enlèveront quelques vaisseaux, sous prétexte d'avoir porté de la contrebande. A quelle occasion, je remarque, et vous ne laisserez pas de le relever, si l'occasion convenable s'y présente, que les puissances mercenaires de la France ne veuillent rien faire pour elle; à quoi elles seraient cependant plutôt obligées que celles qui sont simplement en traités avec elle.33-7

C'est une espèce de justice que le ministère de France me fait, quand il commence à ouvrir les yeux sur l'attachement du baron de Bernstorff à l'Angleterre; vous ne sauriez pas ignorer qu'il y a plus de six ou huit ans que j'en ai informé ce ministère et l'ai averti d'être en garde contre lui,33-8 mais que, malheureusement, on n'ajouta point foi à mes avis et les supposa de prévention contre ledit baron de Bernstorff;33-9 à présent, que la faute est faite et que ce ministre s'est trop ancré à la cour de Copenhague, il sera très difficile de le culbuter.

Les nouvelles que je reçois des frontières de mes États, continuent d'être assez singulières; l'on vient de me mander que les Autrichiens ont tiré de la Hongrie

mande aussi juste, qu'alors Sa Majesté Très Chrétienne regarderait un pareil déni de justice comme la déclaration de guerre la plus authentique et comme la preuve la plus infaillible du projet qu'avait formé l'Angleterre de troubler la paix de l'Europe.“

Knyphausen schliesst den Bericht mit der Meldung, dass das Memoire nebst einem Schreiben Rouillé's an Fox durch Vermittelung des englischen Gesandten im Haag nach London geschickt worden sei.

quelques régiments de hussards, pour les mettre en garnison tout proche de mes frontières de la Silésie,34-1 et qu'ils continuent d'amasser de grands magasins de vivres et de fourrages en Moravie et en Bohême.34-2 D'un autre côté, l'on m'avertit que les Russes ont fait passer quarante galères à Reval et qu'ils les feront passer de là à Riga,34-3 et que les ordres sont donnés de la cour pour équiper les vaisseaux de guerre, dès que la saison le permettra, de sorte que j'ai tout lieu de soupçonner quelque concert pris entre les deux cours impériales à mon sujet.34-4

Nous nous attendons aujourd'hui encore à l'arrivée du duc de Nivernois,34-5 au sujet duquel je ne saurais d'ailleurs rien vous mander, avant que je ne lui aurai parlé.

Au reste, quand vous apprendrez quelques nouvelles par rapport à la situation présente du Portugal et des suites du fâcheux événement du tremblement de terre qu'il a essuyé,34-6 ne manquez pas de m'en informer.

Federic.

Nach dem Concept.



32-4 Vergl. S. 28.

32-5 Vergl. Bd. XI, 478.

33-1 Vergl. Bd. XI, 224.

33-2 Vergl. Bd. XI, 473.

33-3 Vergl. Bd. XI, 398.

33-4 Vergl. Bd. X, 447. 448.

33-5 Vergl. Bd. XI, 478.

33-6 Vergl. Bd. XI, 473.

33-7 Vergl. S. 49.

33-8 Vergl. Bd. III, 265. 274; VIII, 5. 220. 489—491; IX, 477; X, 49. 201; XI, 228.

33-9 Vergl. Bd. IX, 478.

34-1 Bericht Klinggräffen's, Wen 17. December.

34-2 Vergl. S. 18.

34-3 Vergl. Bd. XI, 440.

34-4 Vergl. S. 9.

34-5 Vergl. S. 24.

34-6 Vergl. Bd. XI, 484.