<404> de me faire part de la nouvelle que le baron Posse, ministre de Suède en Russie, lui avait envoyée par un exprès: que, sur des ordres que celui-ci avait reçus, d'être un peu au guet sur le but des préparatifs de guerre qu'on avait remarqués depuis quelque temps en Russie, et le baron de Posse ayant appris outre cela que les troupes qui étaient aux environs de Reval, avaient ordre de défiler du côté de Riga, que l'Impératrice même pourrait faire un voyage cet été en Livonie, pour voir le camp, et qu'on équiperait jusqu'à cent galères, le baron Posse, n'ayant d'ailleurs rien pu découvrir de l'objet de ces armements, s'était enfin adressé au grand-chancelier Bestushew même, pour s'en éclaircir, que ce ministre l'avait assuré sur cela sur sa parole, et s'était même offert de lui donner toutes les assurances qu'il demanderait, que cet armement ne regardait nullement la Suède, mais des engagements que la Russie avait contractés avec l'Angleterre, qu'on faisait ces préparatifs pour être en état de les remplir, dès qu'on en serait requis. Le baron Hœpken y a ajouté que, comme il croyait être nécessaire que Votre Majesté fût averti à temps de ce qui se passait, pour ainsi dire, sur ses frontières, il n'avait pas voulu perdre un moment pour Lui en faire part.“

Solms berichtet ferner über eine Unterredung mit Höpken, in welcher er sich der am 8. und 11. Mai1 vom Könige erhaltenen Befehle entledigt hat. Je disais au baron Hœpken „que Votre Majesté m'avait ordonné de lui témoigner la satisfaction qu'Elle ressentait de voir terminés par mes audiences les différends qui avaient subsisté un temps entre les deux cours, et que, comme Votre Majesté de Son côté mettrait dans un parfait oubli tout ce qui s'était passé à cette occasion, Elle espérait de même que de la part de la couronne de Suède on ne manquerait pas aussi à contribuer pour l'avenir à la conservation de la bonne harmonie entre les deux royaumes. Le baron Hœpken me fit à cette occasion et au nom du Roi son maître de nouvelles protestations d'amitié pour Votre Majesté et me chargea pour son particulier de Lui présenter ses respects et son attachement. Après qu'il eut fini, je lui déclarai enfin que Votre Majesté était extrêmement fâchée de la tournure que les affaires avaient prise à cette Diète-ci, et qu'Elle s'apercevait surtout avec peine qu'on poussait les choses contre la Reine, Sa sœur, jusqu'à l'excès; qu'Elle ne saurait la laisser opprimer, ni voir avec indifférence la façon indigne dont on la traitait, et qu'Elle m'avait ordonné de lui dire que, si l'on ne revenait de là de soi-même et qu'on y allât encore plus loin et même jusqu'à vouloir changer la forme du gouvernement. Elle Se verrait obligée, contre Son gré, d'y prendre plus de part qu'Elle ne l'avait fait jusqu'ici, et que sûrement Elle trouverait de l'assistance, pour y remédier, des lieux d'où ceux qui agissaient d'une façon si irrégulière contre la Reine, ne le croyaient peut-être pas, et dont ils se repentiraient. Après un moment de réflexion, le baron Hœpken me dit sur cela qu'il était fâché de voir la manière dont Votre Majesté envisageait la situation des affaires de ce pays-ci; qu'il avait déjà été prévenu par le baron Wulfwenstjerna2 qu'Elle avait été alarmée sur les prétentions que les États avaient faites de revoir les bijoux de la couronne que la Reine avait entre ses mains; mais qu'il était obligé de me dire que, comme c'était une affaire qui regardait particulièrement les États du royaume, lui, Hœpken, n'était pas en droit d'en prendre connaissance. “

Potsdam, 12 juin 1756.

J'ai reçu votre rapport du 28 du mois dernier de mai. Vous ne manquerez pas de remercier poliment de ma part le baron Hœpken de vous avoir fait part des nouvelles qu'il a reçues du baron de Posse par rapport aux armements présents de la Russie, en ajoutant que l'on m'avait confirmé ces nouvelles d'autre part encore, et que j'étais persuadé que le grand-chancelier Bestushew avait accusé juste au baron de Posse dans ce qu'il lui avait dit sur l'objet de cet armement.



1 Vergl. Nr. 7479. 7489.

2 Vergl. S. 293. 312.