<81> pouvoir se dispenser d'en faire l'objet des représentations qu'il avait fait faire au roi de Prusse; que, s'il y était entré de la vivacité, elle devait être regardée comme la mesure de celle qu'il mettait dans son amitié pour Sa Majesté Prussienne et dans la délicatesse avec laquelle il est jaloux de sa confiance, dont il fait le plus grand cas, mais qu'il n'a jamais eu l'intention de mettre rien dans ces représentations qui fût peu amiable, et qu'il désire très sincèrement que Sa Majesté Prussienne en soit persuadée; qu'enfin il espère que, loin que l'amitié qui est établie entre eux sur les liens du sang, de l'inclination et de l'intérêt, en reçoive aucun refroidissement, elle n'acquerra que plus de force par cette explication amiable; que Sa Majesté est résolue d'y concourir de tout son pouvoir et qu'elle ne doute pas que Sa Majesté Prussienne ne soit dans les mêmes dispositions.“ 1

Potsdam, 4 février 1756.

Monsieur. Sensible autant qu'on peut l'être à la confiance que le roi de France me témoigne, je me trouve dans des dispositions d'y répondre toujours avec la même cordialité.

Il est fâcheux que la réponse des Anglais ne corresponde point avec ce qu'on devait en espérer; j'espère qu'ils s'ouvriront davantage envers moi2 et qu'on pourra juger au moins jusques où ils portent leurs prétentions. Vous pouvez croire, pour peu que j'entrevoie de leur part des dispositions à la paix, que je ferai tous mes efforts pour les y fortifier, à quoi le temps et les occasions pourront fournir des moyens que l'on ne prévoit pas encore.

Vous me parlez ensuite de la mésintelligence qui règne entre nous et la Suède. Quoique le procédé de cette cour ait été peu amiable envers moi, et que M. Hœpken, à l'insu du Roi, se soit servi d'expressions très indécentes, cependant pour donner au roi de France des marques de la déférence que j'ai pour ses conseils, je veux bien me contenter de cette lettre, qui dans le fond ne dit rien, et sacrifier les justes sujets de plainte que j'ai contre ce secrétaire d'État, au bien de la cause commune. J'espère que le roi de France me tiendra compte de l'oubli que je fais dans cette occasion de ma dignité et des ménagements que toutes les têtes couronnées doivent avoir les unes vis-à-vis des autres.

Touchant les magasins qui se forment à Hanovre, il m'est revenu passés trois mois que les Hanovriens en avaient fait le long du Wéser, à Nienburg et à une ville dont je ne me rappelle pas le nom, mais depuis ce temps-là personne n'a remué, et tout est tranquille. Cependant, j'ai fait écrire aujourd'hui pour avoir des nouvelles plus positives, qui vous seront communiquées d'abord après leur réception. Je suis avec des sentiments d'estime votre bien affectionné

Federic.

Nach der mit dem eigenhändigen Concept übereinstimmenden Abschrift der Cabinetskanzlei.



1 Vergl. Bd. XI, 456.

2 Vergl. S. 35. 36.