<90>saires, pour se faciliter la marche qu'ils comptent de prendre par la Pologne. Ils ont pour cet effet envoyé des remises considérables au prince Czartoryski, palatin de Russie, qui va construire incessamment un grand magasin à Miedzyrzecz en Lithuanie. On m'assure que ce palatin, sur les représentations du chevalier Williams, a en même temps obtenu un présent fort important en bijoux, que l'on fait monter à 7,000 ducats, et qu'outre cela on lui a encore fait tenir une bonne somme d'argent comptant, pour en faire des présents là où il le jugera nécessaire, afin de porter les Polonais à se prêter plus aisément à fournir de bonne manière ce dont ces troupes auront besoin à leur passage, et à leur donner toute l'assistance imaginable. Il n'est pas à douter que l'espoir du gain, aussi bien que la crainte d'être maltraités, ne détermine la plus grande partie des Polonais à faire tout ce qu'on exigera d'eux. En ce cas, les patriotes plaignent la faiblesse de leurs forces qui ne permettent pas de s'opposer à une armée aussi nombreuse que le sera celle des Russes. Ils espèrent toujours que Sa Majesté Polonaise n'accordera pas si facilement le passage, et ils se flattent que les Turcs s'y opposeront en effet. C'est du moins en quoi je ne discontinue pas d'encourager le Grand-Général1 pour qu'il renouvelle ses instances à la Porte Ottomane et qu'il les redouble vivement dans les circonstances présentes. Il s'y prête en vérité avec tout le zèle imaginable, et ce ne sera jamais sa faute, s'il n'y réussit pas. Le palatin de Belcz2 a pour cet effet été trouver de sa part le ministre de la République qui est en chemin pour se rendre à Constantinople, afin de lui enjoindre et de lui recommander saintement de ne pas au moins contredire ou contrecarrer en rien l'émissaire que le comte Branicki a à Constantinople,3 mais d'aller autant que possible de concert avec lui. Ce ministre a promis qu'il ne s'en tiendra qu'au compliment qu'il avait à faire, et que loin de nuire aux représentations du sieur de Malczewski, il tâcherait de lui faciliter en cachette la négociation dont cet émissaire était chargé. C'est là tout ce que nous exigeons de lui.


Nach der Ausfertigung.


7255. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A NEUFCHÂTEL.

[Potsdam,] 8 février [1756].

Ne m'accusez point de paresse, mon cher Milord; j'ai été si prodigieusement occupé depuis un temps — vous jugez bien de quoi — qu'il m'a été impossible de vous écrire; l'agitation dure encore, et il faudra bien un mois pour que je puisse regagner la tranquillité propre à notre correspondance. Je ne vous en ai pas moins d'obligation des



1 Branicki.

2 Anton Potocki.

3 Der Krongrossfeldherr hatte das Recht, bei der Schickung eines polnischen Gesandten an die Pforte demselben einen eigenen Emissär voranzusenden.