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l'inobservation du traité de l'année 1744 fait entre la Fiance et moi;1 mais, comme ce sont des choses passées que j'ai mises en oubli, et que d'ailleurs les reproches et les récriminations ne mènent à rien qu'aux aigreurs, je veux bien m'en abstenir entièrement. Au reste, je n'ai jamais refusé au duc de Nivernois de renouveler mon traité d'alliance avec la France, et je suis encore prêt de le faire sur le pied d'une alliance défensive; car, pour des offensives, je n'en ferai jamais avec personne.

Dans les circonstances donc où je me trouve actuellement avec la France, il s'agira si les ministres prendront de travers ma convention de neutralité faite avec l'Angleterre ou non; mais, si je vois qu'on me rend coupable, quand je fais une chose qu'on passe pour innocente au roi d'Espagne, quand il agit de même que moi,2 il faudra que j'en tire la conséquence que la France est lasse de mon alliance, ce qui me forcerait alors pour ma propre sûreté de prendre d'autres mesures, que sans cela je n'aimerais point de prendre, ce que cependant je ne vous marque que pour votre propre et seule direction, et dont vous ne ferez qu'un usage très sobre; mais quant aux autres raisons et arguments que je vous ai suppédités ci-dessus et ce que je vous ai allégué relativement à l'Espagne, vous ne devez pas hésiter de vous en servir tout purement. Du reste, je me repose entièrement sur votre dextérité et fidélité reconnue dans cette occasion, et que vous serez extrêmement attentif sur tout ce qui se passera du côté des ministres de France, tant avec les Autrichiens qu'avec d'autres puissances, de sorte que vous ferez tous vos efforts et emploierez toute votre capacité pour me marquer exactement et de manière que j'y puisse fermement compter si la cour et les ministres de France se prendront raisonnablement sur mon sujet dans ces entrefaites ou s'ils gardent une secrète aigreur contre moi et prendront parti ailleurs. Jusqu'à présent, j'ai de la peine à croire que la France ait tant d'amis de reste qu'elle voudrait m'en dégoûter entièrement; mais il est nécessaire pour cela que vous attendiez que la première fougue de leur vivacité soit passée, alors il est à croire qu'ils auront au moins autant de phlegme en égard de leurs alliés qu'ils en ont eu envers leurs ennemis.

Les chipoteries qu'ils sauront avoir avec les Autrichiens, peuvent être relatives à deux points; primo l'idée de faire un traité de neutralité avec la cour de Vienne, et par lequel ils promettront de ne pas vouloir s'opposer à l'élection d'un roi des Romains en faveur de l'archiduc amé. La seconde idée peut encore être de faire un traité d'alliance avec la susdite cour, idée cependant dont je vous avoue moi-même qu elle me paraît être précipitée. Tertio, qu'ils trament quelque chose directement contre moi, mais ce qui me semble être également précipîte, de sorte qu'il me reste pour le plus vraisemblable qu'ils voudraient



1 Vergl. Bd. XI, 144.

2 Vergl. S. 72.