7189. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

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Knyphausen berichtet, Paris 26. December, über ein Gespräch mit Rouillé in Betreff der wirksamsten Art der Kriegsführung gegen England. „M. Rouillé convint … qu'il n'y en avait point, à son avis, qui, dans l'intention où Ton était de s'en tenir à une guerre maritime,26-1 allât plus droit au but et fût plus propre à étouffer le feu de la guerre dans sa naissance, que celle d'une descente en Angleterre. Ce ministre me parla à ce sujet d'une manière si ample, si méthodique et si réfléchie que je n'eus point de peine à m'apercevoir que cette conversation était le fruit d'un examen suivi de la matière qui en faisait l'objet, et que ce n'était nullement une première ébauche de ses pensées. « Comment, » me dit-il, »fait-on une guerre offensive? c'est sans doute en attaquant les possessions de la puissance avec laquelle on veut entrer en guerre! Une pareille attaque doit se faire par deux principes, dont le premier est qu'il faut commencer par les possessions qui sont les plus faciles à envahir et où l'on prévoit le moins de résistance; et le second, qu'on doit choisir de préférence celles qui vous approchent le plus immédiatement du but qu'on se propose en faisant la guerre, lequel est de rétablir la paix, ou bien de faire des conquêtes. Le nôtre, ajouta-t-il, est le premier. La France veut conserver ses États; mais elle n'a nulles vues d'agrandissement. Elle doit donc se décider de préférence pour les opérations qui seront les plus conformes à ce principe. Quelles sont, ajouta-t-il, les possessions de l'Angleterre? Elle a des États en Europe. Elle en a

Berlin, 10 janvier 1756.

La dépêche que vous m'avez faite du 29 de décembre, m'est heureusement parvenue, à laquelle26-2 je veux bien vous dire que ce que vous me marquez des mesures que le ministère pense de prendre pour venger la France des insultes qu'elle a souffertes de l'Angleterre, je ne puis pas encore faire son éloge, mais ce qui me surprend d'ailleurs, c'est cette sincérité du susdit ministère avec laquelle il confesse ingénument qu'il prétend choisir par préférence ce genre de guerre qui l'approche le plus immédiatement de la paix; ce qui veut dire, si je ne me trompe pas, qu'on fera la paix le plus tôt qu'on pourra l'avoir, sans se soucier du reste, résolution de la part du ministère qui ne saura pas bien animer les alliés de la France pour se mettre en mouvement, au hasard d'être plantés et abandonnés à leur sort, dès que l'occasion paraîtrait convenable au ministère de faire sa paix.

en Amérique. La France saurait ne attaquer les colonies anglaises en Amérique avec espérance de succès. Une pareille entreprise serait infiniment supérieure aux forces de sa marine27-1 … « Voyons maintenant, » dit-il, »les différentes attaques que la France peut former en Europe contre l'Angleterre. Le siège de Gibraltar serait une opération de longue haleine, et dans laquelle on échouerait vraisemblablement. La prise de Port-Mahon serait moins difficile et beaucoup plus importante pour la France, parceque l'Angleterre menace à la fois au moyen de ce poste les côtes de l'Espagne, de l'Italie et des provinces méridionales de la France. Mais une pareille entreprise, supposé même qu'elle eût le plus grand succès, rétablirait-elle la paix aussi promptement que le ferait une descente dans une des îles britanniques? … « Cette Operation, » conclut-il, »est donc la plus conforme au principe qui fait agir la France dans la conjoncture présente, qui est de faire la guerre pour se venger des insultes faites à son pavillon et pour rétablir la paix, après avoir sauvé sa dignité.

Quant à ce qui concerne le mécontentement que l'électeur de Cologne a témoigné d'avoir de la façon dont le marquis de Stainville, ambassadeur de France à Rome, s'est comporté à son égard,27-2 … M. Rouillé ne paraît point être sans inquiétude à ce sujet … Quoi qu'il en soit, je dois observer que le ministère de France ne condamne point la conduite du marquis de Stainville, mais que M. Rouillé prétend qu'elle est conforme à l'étiquette à laquelle les électeurs se sont toujours soumis à l'égard des ambassadeurs de France. Mais cette conduite paraît très irrégulière à beaucoup d'autres égards, et il est constant que la protection que la marquise de Pompadour accorde à cet ambassadeur, ne contribue pas peu à l'indulgence avec laquelle le ministère d'ici l'envisage.“

En attendant, je suis persuadé que ce ministère échouera dans ses négociations avec la Bavière et que tout ce qu'il saura faire, sera de garder l'électeur de Cologne dans les intérêts de la France.

Knyphausen berichtet, Paris 29. December: „Les nouvelles, que le ministère de France a reçues en dernier lieu de Munich, et dont j'ai fait mention dans mes précédentes et très humbles dépêches, n'ont pas été aussi satisfaisantes qu'on l'avait espéré, et elles paraissent indiquer que l'Electeur a beaucoup de peine à satisfaire ses alliés actuels, et qu'il appréhende extrêmement le ressentiment de la cour de Vienne … Il est à appréhender que le mécontentement de l'électeur de Cologne, dont j'ai eu occasion de faire mention, n'influe sur le succès de cette négociation et que ce Prince ne s'emploie plus avec le même zèle auprès de son neveu pour lui faire reprendre ses anciens errements avec la France.“ 28-1

Unter Bezugnahme auf seinen Bericht vom 26. December,28-2 betreffend die Sendung Varenne's, fügt Knyphausen unter dem 29. December hinzu: „M. Rouillé, qui s'est effectivement plaint à cette occasion du peu de confiance que le sieur de Rexin a témoignée au sieur de Vergennes,28-3 s'est payé des raisons dont je me suis servi, en conformité de la dépêche susaccusée,28-4 pour justifier la conduite de cet émissaire et détruire les soupçons auxquels elle avait donné lieu, de sorte qu'il m'a paru être entièrement calmé à ce sujet, et que j'ai raison de supposer qu'il n'en conservera aucun ressentiment.“

Ein weiterer Bericht Knyphausen's vom 29. December enthält sehr umfangreiche Mittheilungen über den von dem Marschall Belle-Isle ausgearbeiteten Plan zu einer Landung in England.28-5

Pour ce qui regarde ma mission d'un nouveau émissaire en Turquie, je vous sais gré de ce que vous vous êtes [acquitté], aussi bien que vous l'avez fait, des ordres que vous aviez à M. de Rouillé pour ce sujet, et encore des bonnes raisons que vous lui avez alléguées pour détruire ses soupçons contre le sieur Rexin à cause de sa faute d'omission. Si jamais M. de Rouillé revient à vous parler sur cela, vous lui direz que [cela va sans dire], pourvu qu'on songe qu'au temps du départ du sieur de Rexin il n'y avait point de ministre de France à Constantinople28-6 et qu'en après un éloignement de plus de 200 lieues était un obstacle presqu'invincible pour lui fournir de nouvelles instructions, surtout pendant le peu de temps qu'il a séjourné à Constantinople.

Au reste, j'ai été très satisfait de votre attention pour me donner des notions précises sur le projet du maréchal de Belle-Isle pour faire la guerre à l'Angleterre.

Federic.

Nach dem Concept.



26-1 Vergl. Bd. XI, 267. 417-

26-2 Der Erlass giebt zugleich den Bescheid auf den am 6. Januar (Nr. 7179) nur theilweise beantworteten Bericht vom 26. December.

27-1 Es folgt mit Rouillé's eigenen Worten die nähere Begründung.

27-2 Knyphausen war durch einen Ministerialerlass vom 9. December von der durch Klinggräffen am 29. November aus Wien gemeldeten Nachricht in Kenntniss gesetzt, dass der Churfürst von Köln seit seinem Besuch in Rom anlässlich eines Etiquettenstreites mit dem dortigen französischen Botschafter gegen Frankreich verstimmt sei.

28-1 Vergl. Bd. VIII, 599.

28-2 Vergl. S. 19.

28-3 Vergl. Bd. XI, 392. 393.

28-4 Ministerialerlass vom 9. December.

28-5 Vergl. Bd. XI, 450.

28-6 Vergl. Bd. XI, 477.