7266. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.

[Potsdam], 12105-1 [février 1756].

Mon cher Frère. Mon frère Henri qui vient d'arriver, m'a assuré qu'il vous avait laissé en parfaite santé; il a mal choisi son temps pour venir ici, les pluies et les ouragans ayant recommencé de plus belle. Nous ne faisons rien ici, mon cher frère; un gazetier périrait de faim à Potsdam, à moins qu'il n'écrivît l'histoire scandaleuse de la ville, et encore ne serait-elle pas fort intéressante. Je suis encore empêtré dans la politique, toute l'Europe est en fermentation; je ne pourrai juger de notre situation que lorsqu'elle commencera à s'éclaircir davantage; mais toujours pouvez-vous vous en rapporter à moi que, dans la situation dangereuse où je me suis trouvé, il n'y avait pas d'autre parti à prendre que celui auquel je me suis arrêté; c'est à présent à voir ce qu'il faudra encore ajouter ou diminuer pour notre sûreté à toute cette affaire, du moins y a-t-il toutes les apparences que je gagnerai l'année 57, dont j'ai grand besoin pour achever des arrangements nécessaires et indispensables sans lesquels l'État serait trop hasardé, et ensuite il faudra voir si les conjonctures nous deviendront favorables ou contraires, car ce sont elles qui nous mènent. Je vous embrasse, mon cher frère, et je vous demande pardon de vous avoir ennuyé par ces graves sornettes; vous savez que Colin en revient toujours à ses moutons, ce qui vous fera trouver moins étrange qu'une tête échauffée de politique ne puisse s'empêcher d'en laisser échapper quelque chose. Je suis avec bien de l'estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



105-1 Nach den Zeitungen kam Prinz Heinrich erst am 13. Febr. nach Potsdam.