7374. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.216-3

Potsdam. 23 mars 1756.

La dépêche que vous m'avez faite du 12 de ce mois, m'a été fidèlement rendue, tout comme celle que vous avez confiée au courrier<217> du duc de Nivernois, qui a été de retour ici.217-1 Pour ce qui regarde la réponse du ministère de France au mémoire de l'Angleterre touchant la pacification des troubles élevés en Amérique, j'ai envoyé d'abord cette réponse à Londres,217-2 que j'ai accompagnée de quelques réflexions, tendant à voir s'il n'y a pas moyen de raccommoder encore les différends entre les cours par rapport à leurs possessions en Amérique. Mon idée sur ceci est qu'aussitôt qu'on aurait trouvé un tempérament sur lequel les deux partis s'entendraient préliminairement, pour concilier leurs différends, et qu'alors l'Espagne217-3 avec moi nous nous chargerions de la garantie de ces articles, je pense que les Anglais pourraient prêter les mains à rendre d'abord toutes les prises faites sur les Français, et qu'on commencerait alors le congrès de pacification. De cette façonlà, je crois que non seulement la [France] trouverait sa convenance par rapport à sa dignité et pour ravoir les prises que les Anglais ont faites sur les Français, mais que ce serait le moyen encore pour raccommoder les affaires et pour conjurer l'orage. Au surplus, comme j'ai communiqué, en attendant, la réponse de la France au mémoire de l'Angleterre, je tâcherai de mon mieux de tenir au moins en train la négociation sur ce sujet, de sorte que, quand même on ne saurait parvenir incessamment à une pacification, cela contribue au moins de pouvoir la faire, la campagne finie, et vers la fin de cette année-ci; s'il est possible.

Comme vous me marquez d'ailleurs que les ministres de France voudraient regarder le traité qui subsiste entre moi et la Suède, et auquel la France a accédé, comme suffisant pour le maintien de la bonne harmonie entre elle et moi,217-4 je vous dirai que j'en suis tout content et qu'on remette en conséquence le renouvellement de notre traité d'alliance217-5 jusqu'à la fin du susdit traité.

Au surplus, comme le duc de Nivernois nous quittera bientôt,217-6 je le prierai avant son départ d'ici que dans l'occasion que l'accommodement entre la France et l'Angleterre commencera à être négocié, de même que quand le renouvellement de mon alliance avec la France sera remis en train, et en d'autres occasions encore, il vous assiste de ses bons et sages conseils, aussi souvent que vous l'en rechercherez; aussi comme j'ai connu pendant son séjour ici la grande connaissance qu'il a dans toutes les affaires de la France, vous ne manquerez jamais de cultiver sa confiance et de le consulter en toutes les occasions qui regardent les affaires que j'aurai avec la cour de France.

Federic.

Nach dem Concept.

<218>

216-3 Dem ersten Theil dieses Erlasses liegt das folgende Postscriptum zu dem Erlass vom 20. März zu Grunde; auf der chiffrirten Ausfertigung dieses Postscriptums ist von der Hand des Cabinetssecretärs bemerkt: „Ist nicht abgegangen, weil Se. Königl. Majestät anderweitig davon disponiret und verschiedenes darunter geändert haben.“
     P. S. Comme le duc de Nivernois vient de m'envoyer le paquet pour moi dont vous aviez chargé son courrier qui est arrivé de retour, je vous dirai que j'enverrai incessamment à Londres la réponse que le ministère de France a faite aux propositions de celui de l'Angleterre pour l'acheminement de la paix, et que j'accompagnerai ladite réponse avec tous les motifs possibles pour disposer le ministère anglais à se rapprocher au but salutaire, afin de voir quelle impression cela fera sur eux. En attendant, il m'est venu encore une idée à ce sujet que j'abandonne a votre pénétration, et si vous croyez que les ministres de France voudraient bien s'y prêter, savoir que la France me confiât, d'une manière à y pouvoir fermement compter, son dernier mot par rapport aux avantages et aux cessions qu'elle voudrait faire a l'Angleterre des pays litigieux dans l'Amérique, et qu'après que je serais bien instruit de ses intentions là-dessus, je proposerais, comme de moi-même et sans que la France y fût commise, ces conditions à l'Angleterre, en leur demandant que, pourvu que je me ferais fort de disposer la France d'agréer ces conditions dont en tout cas je voudrais prendre sur moi la garantie, si alors les Anglais voulaient relâcher d'abord et préalablement tous les vaisseaux pris sur les Français pendant l'intervalle des derniers différends, et que, cette démarche faite préalablement de la part des Anglais, l'on conviendrait incessamment après d'un traité de paix, où cependant les conditions susdites seraient regardées et acceptées comme des préliminaires dont on était déjà convenu entièrement, de sorte qu'elles serviraient de base pour régler le reste. De cette sortelà. je crois que la dignité de la France ne sera commise en rien, qu'elle saura parvenir a son but de ravoir ses vaisseaux pris et de faire sa paix d'une manière juste et honorable. Vous ne manquerez pas de me mander au plus tôt possible votre sentiment là-dessus et si le ministère français voudra bien agréer ce tempérament, ou de quelle façon il saurait s'en expliquer.

217-1 Vergl. Nr. 7359.

217-2 Vergl. Nr. 7364.

217-3 Vergl. S. 207.

217-4 Vergl. S. 161.

217-5 Vergl. S. 176.

217-6 Vergl. S. 218.