7451. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 24 avril 1756.

J'ai bien reçu votre rapport du 12 de ce mois. Je ne suis pas précisément du sentiment de-ceux qui soupçonnent que la négociation entre les deux cours était entièrement suspendue, parceque les chipotages entre le comte de Starhemberg et les ministres de France paraissent languir depuis quelque temps, il me paraît plutôt qu'on laisse dormir la négociation en attendant la réponse de l'Espagne à la proposition faite touchant le troc à régler des possessions de l'infant Don Philippe contre la Flandre autrichienne et le pays de Luxembourg,290-2 et que, cette réponse arrivée, le chipotage entre les deux cours se ranimera.

Ce qui me fortifie en partie dans ces soupçons, c'est que mes lettres de Vienne290-3 continuent de m'assurer que c'est la France qui presse la cour de Vienne de se lier avec elle. Tout ceci ne doit être que pour votre direction seule et afin de vous mettre plus sur les voies de vous en orienter.

Au surplus, je veux bien vous communiquer une nouvelle qu'on prétend avoir ici, et qui, si elle était fondée, serait très importante, savoir que le roi de Sardaigne était tombé dans une forte mélancolie ou plutôt dans une espèce de délire. Quoique je n'ajoute nulle foi encore à cette nouvelle, j'ai cependant voulu vous en faire part, afin que vous tâchiez d'approfondir, quoiqu'avec beaucoup de circonspection, si<291> l'on en a appris quelque chose là où vous êtes, ou si ce n'est qu'une fausse nouvelle malicieusement controuvée.291-1

Au reste, je ne veux point vous laisser ignorer une autre nouvelle plus sûre que celle dont je viens de vous parler, c'est que j'ai appris par des lettres de Ratisbonne291-2 que plusieurs princes catholiques du Saint-Empire travaillent sérieusement à former une ligue sous la protection de la cour impériale, pour renverser les arrangements pris par le landgrave régnant de Hesse-Cassel pour le maintien de la religion protestante dans son pays, et que les susdits Princes n'attendaient que le succès de la commission dont la cour de Vienne avait chargé le général Pretlack auprès du Landgrave, pour se relâcher plus à ce sujet envers le Prince héréditaire son fils et de lui laisser les mains plus libres, afin de réclamer l'assistance de la France, dans le cas que la négociation du géneral Pretlack échouât. Voilà ce que mes lettres cidessus alléguées m'en ont appris jusqu'à présent; comme j'espère d'en avoir bientôt des notions plus précises sur cette affaire, je ne manquerai pas de vous en informer.

Federic.

Nach dem Concept.



290-2 Vergl. S. 224.

290-3 Bericht Klinggräffen's, Wien 14. April. Vergl. Nr. 7454.

291-1 Knyphausen meldet hierauf, Paris 10. Mai, dass die erwähnten Nachrichten unbegründet seien.

291-2 Bericht Plotho's, Regensburg 8. April. Vergl. Nr. 7452.