7521. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Michell berichtet, London 11. Mai, über eine Unterredung mit Holdernesse, in welcher dieser ihm mitgetheilt hat: „Qu'il envoyait ce soir un courrier au sieur Mitchell avec des ordres d'apprendre à Votre Majesté que Sa Majesté Britannique avait pris la résolution de déclarer incessamment la guerre à la France,359-3 et qu'on n'attendait de faire cette démarche, que la confirmation authentique de l'entreprise des Français sur l'île de Minorque, pour en faire la proclamation, qui aura lieu au plus tard dans une quinzaine de jours et peut-être avant, cela n'étant pas encore fixé, quelques-uns des ministres étant d'opinion de ne proclamer la guerre que d'hier en quinze jours, afin que le lendemain, jour fixé pour séparer le Parlement, Sa Majesté Britannique l'annonce à cette assemblée dans la harangue qu'elle lui fera. Quoi qu'il en soit, comme la démarche susdite est résolue aussi bien que la séparation du Parlement, ce secrétaire d'État m'a ajouté que le Roi et son Conseil n'avaient pas voulu différer d'en informer Votre Majesté, et que pareille information avait été également faite aux ministres ici des autres cours alliées.

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Le lord Holdernesse a d'ailleurs saisi cette occasion pour m'avertir qu'il avait reçu ces jours passés un courrier de Russie, avec d'amples dépêches du chevalier Williams touchant la façon de penser de cette cour-là dans les circonstances présentes, et en particulier sur l'union que Votre Majesté avait renouvelée en dernier lieu avec l'Angleterre. On envoie copie de cette dépêche au sieur Mitchell, avec ordre d'en communiquer des extraits à Votre Majesté pour ce qui La concerne,360-1 Elle verra par le langage que ce ministre Lui tiendra là-dessus, qu'il y a encore de l'aigreur et un peu de jalousie chez les ministres de la cour de Pétersbourg au sujet de l'union en question, mais qu'en même temps le chancelier Bestushew et la majorité du conseil de l'Impératrice persistent à soutenir les intérêts et le système de l'Angleterre dans cette occasion, malgré les insinuations que les Autrichiens ont fait faire dans ce payslà, pour y inspirer des sentiments contraires … On compte … de remettre [la cour de Russie] peu à peu en bonne intelligence avec Votre Majesté, ouvrage que l'on a sincèrement en vue, et que l'on se propose d'amener à sa perfection, à mesure que les circonstances et les occasions deviendront plus favorables, mais que l'on sent très bien ne pouvoir pas se faire dans le moment présent et avant qu'on ait fait revenir les Russes de toutes les insinuations malignes que les Autrichiens leur ont lâchées. Le lord Holdernesse m'a dit aussi qu'il avertissait le sieur Mitchell qu'il était encore à attendre le courrier du sieur Keith, et que, d'abord qu'il serait arrivé, on lui en dépêcherait un autre, avec la copie de la dépêche qui viendrait de Vienne, pour la communiquer telle quelle à Votre Majesté …

Votre Majesté verra d'ailleurs par ces procédés avec quelle confiance les ministres de cette cour veulent en agir envers Elle; rien ne Lui sera caché pour L'éclaircir sur leur conduite, et rien ne sera négligé de leur part pour soutenir efficacement les arrangements pris avec Votre Majesté, et pour parer les coups qu'on voudrait ou pourrait y porter. Le lord Holdernesse m'a aussi fait connaître combien Sa Majesté Britannique était sensible aux procédés de Votre Majesté envers le prince de Hesse-Cassel; elle a été en particulier fort flattée de ce que Votre Majesté avait voulu la consulter,360-2 avant que d'accorder la permission au prince de Hesse-Cassel d'entrer à Son service.“

Potsdam, 25 mai 1756.

La dépêche que vous m'avez faite du 11 de ce mois, m'a été bien rendue. La façon cordiale dont Sa Majesté Britannique et le ministère agissent envers moi pour tout ce qui regarde nos intérêts communs et réciproques, m'a extrêmement charmé, aussi devez-vous assurer les ministres de ma part dans les termes les plus affectueux de mon parfait retour et que j'agirai avec la même cordialité envers le Roi leur maître et avec eux.

C'est aussi par ce motif que vous devez dire aux ministres que, selon des avis que j'avais eus,360-3 il était arrivé à Pétersbourg vers la fin du mois d'avril dernier un certain comte Douglas, sous prétexte d'y voir la cour, qui avait été aussi présenté par le Grand-Chancelier en cette qualité à l'Impératrice le 6 de ce mois, au sujet duquel le bruit était général qu'il était chargé d'une commission de la part de la cour de France et muni de lettres de créance, mais que ce qui était sûr et avéré, c'était qu'il était pourvu de lettres de change sur des sommes très considérables à tirer des marchands de Danzig et de Pétersbourg.

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Vous direz d'ailleurs aux ministres que, selon mes lettres de France,361-1 la négociation entre le comte de Starhemberg et les ministres de France était parvenue à sa consistance par un traité entre les deux puissances qui avait été signé le 7 de ce mois, de sorte qu'on y attendait seulement les ratifications de la cour de Vienne pour le rendre public ou au moins pour le communiquer aux cours alliées; que l'on ajoutait que l'on avait communiqué ce traité, signé par le comte de Starhemberg et le sieur Rouillé, à l'ambassadeur d'Espagne, qui avait fait partir un courrier pour l'envoyer à sa cour; auquel sujet je suis cependant bien aise de vous faire observer que je crois que, pourvu que l'Espagne ne trouve pas de sa convenance le troc proposé de la cour de Vienne des possessions de l'infant Don Philippe en Italie contre la Flandre autrichienne et le Luxembourg,361-2 ladite Espagne ne prendra aucune part aux liaisons contractées entre les deux cours. J'ai appris d'ailleurs qu'on assemble en France beaucoup de troupes du côté de La Manche et depuis Calais jusqu'à l'île de Ré, dont on formera dix corps, soit pour garder les côtes, soit pour menacer celles de l'Angleterre, de sorte que j'estimais que dans cette conjoncture les amiraux anglais auront besoin d'employer toute leur vigilance pour bien observer les desseins et la manoeuvre des Français.

Vous observerez qu'en informant les ministres anglais de toutes ces nouvelles, vous ne le ferez que par manière de discours, afin de leur faire entrevoir au moins qu'on songe ici à ce qui peut intéresser la Grande-Bretagne et qu'on y a attention.

Au surplus, nous avons ici la nouvelle361-3 que la cour de Pétersbourg fait actuellement des armements considérables, qu'elle fait équiper à Cronstadt treize vaisseaux de guerre et frégattes et dix à Reval, qu'outre cela on équipait vingt galères à Pétersbourg et un pareil nombre à Reval et que l'on prétendait que ces quarante galères dussent servir à transporter quelques troupes à Libau dans la Courlande, qu'au surplus tous les régiments avaient ordre de se tenir prêts à marcher et qu'on renforcerait les régiments d'infanterie sur les frontières de la Livonie jusqu'au nombre de trente, et que de plus les troupes irrégulières avaient reçu l'ordre de quitter leurs quartiers d'hiver et de s'approcher des frontières. Vous parlerez de même aux ministres anglais de ces nouvelles, en ajoutant que je ne saurais juger autrement de tous ces mouvements des Russes, sinon que c'était le corps de troupes qu'en conséquence de la convention de subsides faite entre l'Angleterre et la Russie, celle-ci était obligée de tenir prêt aux ordres de l'Angleterre.361-4 Vous représenterez, cependant, avec tout cela auxdits ministres que l'Angleterre ne saurait prêter assez d'attention sur la cour de Pétersbourg pour prévenir à ce que celle-ci ne lui soit débauchée par d'autres.

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Au reste, je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule, et dans l'intention que vous n'en ferez nul usage auprès des ministres anglais, que le chevalier Williams n'est point goûté ni agréable à la cour de Russie, par ses manières trop vives, de sorte qu'il en a eu déjà plusieurs déboires. Je ne vous informe de ceci autrement que pour que vous tâchiez de vous orienter sous main si les ministres anglais sont instruits de cette circonstance, qui d'ailleurs est bien fondée.

J'ai été bien sensible à ce que le roi d'Angleterre a bien voulu donner son agrément à ce que le prince héréditaire de Hesse-Cassel entre en mon service, et je tâcherai à présent de m'arranger avec lui là-dessus.

Quant à l'un pour cent que les directeurs du fonds de la Silésie prétendent de bénéfice sur le total de cette dette, je me crois parfaitement fondé en droit de ne pas me charger d'une prétention qui n'affecte point ce dont je me suis chargé par la paix de Breslau, et dont on n'avait fait que jusqu'à présent le moindre indice;362-1 mais pour éviter toutes chicanes là-dessus et pour finir de bonne grâce cette affaire, je me suis encore déterminé de faire payer aux susdits directeurs ce bénéfice, dont j'ai déjà donné mes ordres en conséquence;362-2 ce qu'en attendant vous devez déclarer auxdits directeurs, en faisant valoir habilement auprès d'eux la complaisance dont j'avais bien voulu user à leur égard.

Federic.

Nach dem Concept.



359-3 Vergl. S. 351. 357. 374.

360-1 Vergl. Nr. 7520 S. 355. 356.

360-2 Vergl. S. 300.

360-3 In Berlin intercipirter Bericht Swart's an die Generalstaaten, d. d. Petersburg 8. Mai.

361-1 Bericht Knyphausen's, Paris 14. Mai. Vergl. Nr. 7519.

361-2 Vergl. S. 224.

361-3 Das Folgende nach dem oben bereits citirten (S. 360 Anm. 3) Berichte Swart's vom 8. Mai.

361-4 Vergl. Bd. XI, 388.

362-1 Vergl. S. 267.

362-2 Vergl. Nr. 7517 S. 353.