7596. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 22 juin 1756.

J'ai reçu vos dépêches du 8441-2 et du 11 de ce mois. Vous direz au lord Holdernesse que j'étais entièrement de son sentiment qu'il fallait qu'il y eût des articles secrets parmi le traité que les cours de Vienne et de Versailles venaient de conclure entre elles, dont au moins on n'ignorait pas l'un, où l'on s'était entendu par rapport à l'élection d'un roi des Romains,441-3 mais dont les deux cours n'avaient fait aucune communication. Que, dans ces circonstances, il n'y avait rien de plus nécessaire, sinon que l'Angleterre et moi restions dans la plus étroite union, et de faire des ligues, pourvu qu'il en fût temps encore, avec d'autres puissances et princes, pour balancer les mal intentionnés. Je ne veux pas vous laisser ignorer que la Russie fait assembler de fortes armées en Livonie et en Courlande sur mes frontières, tandis que j'ai cru que la cour de Pétersbourg resterait attachée à l'Angleterre;<442> je n'en ai été nullement ombragé ni embarrassé, mais, depuis plusieurs avis que j'ai eus et que le dernier courrier du chevalier Williams, qui a passé par ici, nous a confirmés,442-1 il me paraît à mon grand regret qu'avec tous les efforts que l'Angleterre a voulu faire pour s'attacher la Russie, on effectuera peu ou rien.

J'ai instruit le sieur Mitchell d'une grande partie de mes idées relativement aux alliances qu'il y aurait à contracter encore pour contrebalancer le poids des cours mal intentionnées envers nous,442-2 et ne doute nullement qu'il n'en ait fait son rapport au ministère anglais; mais, comme j'ai appris du depuis qu'il y aurait encore à faire quelque chose avec le Danemark, pourvu qu'on se prît à lui proposer une ligue pour obvier aux desseins des princes catholiques-romains dans l'Empire, appuyés par l'Autriche et la France, dont ils méditaient de se concerter,442-3 l'on saurait encore l'attirer dans notre parti par ce seul moyen; je crois qu'il conviendrait d'envoyer là quelqu'un d'Hanovre, pour en parler au comte de Moltke. Ce que, cependant, vous ne donnerez aux ministres d'Angleterre que comme une idée de ma part dont il dépendrait d'eux de faire usage ou non à leur gré.

Du reste, s'ils croient qu'il y a quelque chose à faire encore avec la république de Hollande, pour prendre des engagements avec elle, je suis tout prêt d'entrer dans leurs idées là-dessus.442-4

Vous finirez par dire aux ministres que je venais d'être averti que la cour de Vienne faisait assembler un corps d'armée de 60,000 hommes en Bohême et un autre de 40,000 en Moravie, et que je me rapportais sur ceci à ce que j'en avais dit au sieur Mitchell,442-5 qui n'aurait pas manqué d'en faire son rapport au ministère.

Federic.

Nach dem Concept.



441-2 Ein zweiter vom 8. Juni datirter Bericht. Vergl. S. 430.

441-3 Vergl. S. 415. 437.

442-1 Vergl. S. 427.

442-2 Vergl. S. 428.

442-3 Vergl. S. 409. 410.

442-4 Vergl. S. 456.

442-5 Vergl. S. 437.