7599. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

[Potsdam], 22 [juin 1756].445-2

Ma très chère Sœur. Je me réjouis beaucoup de vous savoir à présent en meilleure santé et de vous voir occupée à l'opéra, ce qui vous amusera. J'ai ici un opéra qui m'occupe un peu plus sérieusement. Vos vilains voisins ont de nouveau fait un complot qui m'a la mine de ne se dissiper que par une grande catastrophe. Vous avez plus d'un moyen d'apprendre des détails de ce qui se passe dans ce voisinage. S'il y avait moyen d'éclairer la conduite de ces gens et surtout ce qui se passe dans l'assemblée des troupes, vous me feriez grand plaisir de m'en instruire. Nous avons un pied dans l'étrier, et je crois que l'autre ne tardera guère d'y être. Tout ceci doit se manifester dans deux mois au plus tard. Je vous offre, ma chère sœur, des fruits; mais ce n'est qu'un prétexte, pour vous faire parvenir cette lettre en sûreté. La guerre<446> me paraît inévitable. J'ai fait ce que j'ai pu pour l'éviter; cela ne m'a pas réussi : je me lave les mains de ce qui en arrivera, du moins suis-je bien persuadé que personne ne pourra m'accuser d'en être la cause. Je vous supplie en grâce de ne faire semblant de rien et de ne pas témoigner la moindre chose de ce que je vous marque. J'ai à présent tant d'affaires sur les bras que vous trouverez peu de suite dans cette lettre; mais enfin cela n'y fait rien, et tout peut mieux tourner que nos ennemis ne le pensent. Si toute cette bagarre n'était pas survenue, je me serais flatté du bonheur de vous voir; à présent cela serait hors de saison. Je me recommande à votre tendre amitié, en vous assurant qu'on ne saurait être avec un plus sincère attachement, ni avec une plus parfaite tendresse que [je le suis], ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Je prends la liberté de vous envoyer deux lettres pour des officiers de l'armée qui sont au Karlsbad.446-1 Je vous supplie de les faire tenir en sûreté et d'une façon qui ne fasse point d'éclat, par quelque homme déguisé.

Nach der Ausfertigung:. Eigenhändig.



445-2 In der Vorlage von der Hand der Markgrafin: „, juillet 1756.“

446-1 Vergl. Nr. 7602.