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Comme je niais fortement cette circonstance et que je tâchais de détourner ce qui regardait l'Angleterre dans cette négociation, de ce qui concernait Votre Majesté, par rapport à la défense de Ses propres Etats du côté du Rhin et en Wesphalie, le marquis de Valory m'interrompit en me disant:

„„,Il y a un bon moyen que le Roi votre maître n'ait rien à craindre pour ses Etats de Cleves et de Westphalie : qu'il ne devienne pas l'agresseur et qu'il ne soit pas le premier à attaquer les États de la cour de Vienne; celle-ci n'osera l'attaquer la première, ni dans ses États de Cleves, ni dans ceux de Silésie.“

„ „Cette cour,“ continuait-il, „connaît trop ses propres intérêts, pour vouloir être la première qui dégaine; elle sait que presque toute l'Europe a garanti la Silésie, que ses engagements avec ses alliés ne sont que défensifs, jusques à ce qu'on soit bien en état de la part du Roi, votre maître, de prouver ce qu'il a avancé touchant une alliance offensive entre les deux cours impériales.“ 1

„ „,Enfin, cette même cour de Vienne,“ continuait-il, resterait isolée et sans aucun secours à espérer de la part de personne, si elle devenait l'agresseur; mais qu'aussi ce serait tout le contraire, si Votre Majesté l'attaquait la première; qu'il était impossible alors que la France et les autres alliés de l'Impératrice-Reine puissent se dispenser de remplir leurs engagements défensifs; que Votre Majesté y devait bien songer, avant que d'entreprendre la première à attaquer les Etats de cette Princesse; qu'Elle aurait la plus grande partie de l'Europe pour ou contre Elle, suivant la façon dont Elle voudra S'y prendre dans le moment présent.“ “

„Je répondis au marquis de Valory qu'il fallait regarder pour le véritable agresseur celui qui prenait visiblement des mesures pour écraser l'autre; que celui qui tâchait de le prévenir, ne l'était jamais, ni pouvait être regardé pour tel.

„Ce ministre finit par me dire que, quelque prétexte spécieux que Votre Majesté puisse alléguer avec le temps, pour justifier une levée de boucliers, toute l'Europe ne s'y méprendrait pas, et encore moins les alliés de la cour de Vienne, qui, sans manquer à la bonne foi de leurs engagements, ne pourraient jamais refuser à l'Impératrice-Reine, attaquée la première par Votre Majesté, les secours qu'elle serait en droit de réclamer, en vertu de ses engagements défensifs; et que Votre Majesté, en prenant la résolution de tirer l'épée la première, donnerait le plus beau jeu du monde à la cour de Vienne; au lieu que celle-ci, devenant l'agresseur, serait abandonnée de tous ses alliés, dont sous aucun prétexte alors elle ne pourrait réclamer le secours, et qu'il paraissait à la France que Votre Majesté, restant sur la défensive, était assez en état de faire tête à la maison d'Autriche, tant que celle-ci restait seule contre Elle; qu'il pourra en attendant arriver bien des évènements en faveur de Votre Majesté pendant l'hiver prochain, que la paix pourra se conclure entre la France et l'Angleterre et mettre l'une et l'autre en état de guérir Votre Majesté de tout soupçon, au lieu que, la guerre étant une fois commencée par Elle, on défiait tout le monde de la terminer, quand on le voudrait.

„Je lui répliquai que la réponse de la cour de Vienne, attendue tous les jours, en déciderait et que la paix et la guerre étaient entre les mains de l'Impératrice-Reine.“

Potsdam, 21. August 1756.

Er hat ihm recht gut geantwortet. Wenn der französische Hof so partialisch ist wie der Marquis de Valory, so sehe Ich wohl, dass man wenig Ménagement vor sie würde haben können. Ich habe von sie nichts zu hoffen, und dennoch wollen sie, Ich soll keine Alliances machen, noch Mich wider offenbare übele Intentiones defendiren, sondern erst Hände und Füsse binden lassen. Sie seind es so gewohnet,



1 Vergl. S. 164.