8265. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

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Knyphausen berichtet, Fontainebleau 21. October, der Minister Rouillé habe ihn zu einer Unterredung am 20. October eingeladen: „A peine fus-je entré que [le sieur Rouillé] me déclara que, Votre Majesté ayant violé à l'égard du Roi son maître tout ce que le droit des gens avait de plus sacré, tant par ce qui venait d'arriver en dernier lieu au comte de Broglie,581-1 que par ce qui s'était passé précédemment touchant le courrier de cet ambassadeur,581-2 il avait ordre de me faire savoir que Sa Majesté Très Chrétienne avait envoyé un courrier à M. de Valory, pour lui ordonner de se retirer de Berlin sans audience de congé, et qu'elle ne voulait point que je me présentasse davantage devant elle Que l'usage était de faire parvenir de pareilles déclarations aux ministres étrangers par l'introducteur des ambassadeurs, mais que par une suite de l'amitié qu'il avait pour moi, il avait préféré de se charger lui-même de cette commission, afin de pouvoir me témoigner combien il était mortifié que sa cour se fût trouvée forcée à en venir à cette extrémité et que je me trouvasse impliqué dans une affaire aussi désagréable$#133; Il581-3 m'a été confié de fort bon lieu et de plus d'un endroit que ce qui est arrivé à l'égard de M. de

Sedlitz, 30 octobre 1756.

P. S.

Quand j'avais fait ma dépêche,581-4 je reçus celle que vous m'avez faite du 21 de ce mois. Je n'ai point été surpris de la nouvelle qu'elle comprend, et depuis le temps que vous marquiez qu'il avait été au tapis d'envoyer au marquis de Valory son rappel,581-5 quoique la chose ne prit point consistance alors, je me suis toujours attendu que le parti de la Dauphine et surtout celui des Autrichiens ne cesseraient pas de remuer, jusqu'à ce que la cour de France se porterait à la démarche que vous venez de m'annoncer aujourd'hui. C'est le jeu de l'Autriche, témoin ce qui arriva il y a plusieurs années en Russie, qu'elle n'aime pas de voir des ministres des cours à qui elle en veut, aux cours auxquelles elle a gagné le dessus par ses illusions,

Broglie, n'est qu'un prétexte qu'on a saisi avec avidité, afin d'exécuter le projet de rappeler le marquis de Valory, qu'on a formé depuis l'entrée de Votre Majesté en Saxe, et sur lequel Madame la Dauphine a insisté sans cesse et avec la plus grande vivacité. Il est certain aussi que le Roi aurait eu beaucoup de répugnance à prendre cette résolution et qu'il ne s'y serait peut-être jamais déterminé, s'il n'eût eu le cœur ulcéré par le mauvais succès de l'ambassade de M. de Nivemois et par différentes autres causes dont j'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Majesté par mes lettres immédiates.582-1 Enfin, j'observerai encore que Madame de Pompadour, l'abbé de Bernis et tous les promoteurs du nouveau système qu'on a adopté ici, ont fait les plus grands efforts pour pousser le Roi à une démarche qui, en élevant entre lui et Votre Majesté une espèce de mur de séparation, contribuât à consolider ce même système et à en assurer la durée.“

afin qu'elle puisse d autant mieux débiter ses mensonges et ses calomnies, sans qu'il y ait quelqu'un qui puisse désabuser ceux à qui elle en impose; ainsi la grande prévention et l'aveuglement où la cour de Versailles a donné pour elle, m'ont fait conjecturer qu'on ne vous ménagerait pas.

Comme donc la chose est arrivée tellement que je l'avais prévue, il ne vous reste que de quitter Paris, dès que vous aurez arrangé vos affaires, sans prendre audience de congé, et de partir de la France. Vous prendrez votre route sur Metz et de là par Francfort-sur-le-Main, d'où vous irez tout droit à Berlin, pour y recevoir mes ordres ultérieurs.

Quant au sieur Junod, je lui accorde la permission d'aller faire un tour à Neuchâtel pour y vaquer à ses affaires.

Vous profiterez de l'offre obligeante du ministre de la cour de Danemark,582-2 pour mettre en dépôt auprès de lui les papiers de l'ambassade bien emballés et scellés de votre cachet.

J'espère que vous n'oublierez pas de vous ménager, avant que de partir, un habile et adroit émissaire, auquel je payerai telle pension que vous en serez convenu avec lui, qui continuera de nous donner des nouvelles sûres de ce qui se passe à la cour des affaires d'importance, et au moyen duquel nous saurions conserver une certaine connexion en France. Vous lui donnerez un bon chiffre pour cette correspondance, qui pourra passer le mieux, à ce que je crois, par les paquets du ministre de la république de Hollande.582-3

Avant que vous partiez, vous aurez soin de vous informer soigneusement encore de tout ce que vous sauriez apprendre, et dès que vous serez arrivé à Berlin, vous me ferez un rapport circonstancié de ce que nous avons à espérer de ces gens, et quelles mesures plus mauvaises encore ils sauront prendre à mon égard au delà de celles qu'ils ont effectivement prises; enfin vous tâcherez de me rendre ce rapport aussi intéressant et instructif qu'il vous le sera possible.

Federic.

P. S. II.

C'est par les intrigues des Autrichiens qu'on vous fait revenir; à peine serez-vous parti de Paris, que rien ne retiendra le cours des mensonges de mes ennemis. Ils feront tant de contes, ils débiteront tant de choses que l'on ne verra que par leurs yeux et n'entendra que par leurs oreilles. S'ils veulent être mes ennemis, à la bonne heure; c'est eux qui l'ont bien voulu.

Nach dem Concept. Das P. S. II nach Abschrift der Cabinetskanzlei; in der Ausfertigung eigenhändig.



581-1 Vergl. S. 506. 514. 521.

581-2 Vergl. S. 362. 503.

581-3 Das Folgende in Chiftern.

581-4 Erlass vom 28. October. Nr. 8260.

581-5 Vergl. S. 435.

582-1 Vergl. S. 61. 496.

582-2 Graf Wedell-Friis.

582-3 Lestevenon van Berkenrode.