8274. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

Sedlitz, [31 octobre 1756].

Ma très chère Sœur. Notre campagne est finie; il n'y a plus qu'à donner la chasse à quelques coquins de pandours et de hussards autrichiens qui se présentent sur les frontières de la Saxe. Ne craignez rien pour nous, et, pour Dieu, daignez ne point ajouter foi à tous les faux bruits que l'on fait et que l'on fera courir. Vous entendrez cet hiver que je suis perdu, on fera l'oraison funèbre et l'épitaphe des Prussiens; mais ils ressusciteront au printemps, et l'on verra alors beau jeu.

Je vous assure que je suis fort tranquille et que je ne crains ni les clameurs de quelques misérables femmes, ni les menaces de Junon, ni les foudres de Jupiter. Ce sont des dieux de la fable qui font impression sur le vulgaire, mais pas sur les gens sensés, et cette poignée de galeux qu'on rassemble de la Flandre, du Würtemberg, et de je ne sais quel misérable —, ne me donnent pas la moindre appréhension. Enfin, je vous conjure de vous tranquilliser l'esprit, de vous bien porter et d'être persuadée que je suis avec la plus vive tendresse, ma très chère sœur, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.

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