<102>

J'eus l'honneur ensuite de demander à Votre Majesté si la correspondance serait libre de Saxe en Pologne et de Pologne en Saxe. Elle me fit la grâce de me répondre: « Oui. » — Je Lui demandai encore si Elle trouverait bon qu'on établît, comme à l'ordinaire, des stations d'uhlans pour la facilité de cette correspondance entre le Roi mon maître, la Reine et sa famille royale. Votre Majesté me répondit en propres termes :

« Oui, oui, cela ne fait aucune difficulté. Vous pouvez le dire au Roi votre maître : il peut correspondre avec la Reine, faire venir qui il veut, et placer ses uhlans comme à l'ordinaire, pour faciliter et accélérer sa correspondance. »

Et, sur cela, Votre Majesté m'engagea Sa parole royale, sans condition, sans réserve et sans faire mention des 4 régiments de Pologne.

Voilà, Sire, le rapport fidèle de l'audience que Votre Majesté me fit la grâce de m'accorder à Son quartier de Struppen.

J'ai rendu compte au Roi mon maître de ce que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, et me suis lavé, ainsi que je l'ai dû, de l'imputation que Votre Majesté semble me faire dans Sa lettre, de Lui avoir engagé la parole du Roi mon maître, qui une fois donnée est invariable et inviolable, mais qu'il ne m'a jamais autorisé à donner au sujet des 4 régiments, et que je n'ai point sûrement donnée à Votre Majesté sans son ordre.

Je prends la liberté, Sire, d'appeler de tout ce que je viens d'avoir l'honneur d'exposer à Votre Majesté, à la fidélité de Son souvenir.

C'est par ordre du. Roi mon maître que j'ai l'honneur de répondre à Votre Majesté et de Lui demander ce qu'il Lui plaît de tenir de la promesse non conditionnelle qu'EUe m'a faite concernant l'établissement des stations d'uhlans et la sûreté de la correspondance entre la Saxe et la Pologne.

J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect etc.“

Dresde, 2 décembre 1756.

Monsieur le général major baron de Spœrcken. J'ai reçu la lettre que vous avez voulu me faire le 24 du mois précédent. Je trouve d'abord contre ma dignité d'entrer en explication sur la certitude ou l'incertitude des différentes circonstances qu'elle contient.

Il est cependant très certain que de la part de votre cour on a usé de peu de sincérité en dressant la capitulation;1 on a non seulement, pendant le temps que l'on y travaillait, fait monter 300 hommes du régiment de Rutowski et plusieurs officiers au Kœnigstein, mais, encore après la confirmation de la capitulation, on n'a pas hésité de faire évader surtout de ces derniers et de les faire entrer en Bohême auprès des Autrichiens, comme je l'ai appris à n'en point douter. Par la même raison ci-dessus alléguée, je me dispense de relever ce qui s'est fait avec les régiments saxons qui sont restés en Pologne, mais pour certain tous ces procédés ne peuvent point exciter ultérieurement ma complaisance. Et comme d'ailleurs toutes les tracasseries et les menées [me sont connues] que les officiers prisonniers de guerre ont mises en pratique,2 pour débaucher et animer les soldats à la désertion pour les faire entrer ensuite clandestinement en Bohême, Pologne et autres endroits, contre la teneur de la capitulation et leurs engagements d'honneur, sans parler de leur correspondance illicite, je ne vois pas comment



1 Vergl. S. 22. 23; Bd. XIII, 541. 549. 558.

2 Vergl. S. 5. 21. 97. 108.