<281> et de la réponse préalable qui lui a été donnée de la part de ce ministère.1 Dans cette supposition, je vais d'abord vous dire que je [ne] saurais pas m'imaginer que les ministres anglais voulussent donner dans des panneaux si grossiers, ni donner les mains à un plan si indigne et si noir pour abandonner ce qu'ils ont encore d'amis en Allemagne, et sacrifier moi, le Brunswick et la Hesse à la rage des ennemis de l'Angleterre, après tout ce que ceux-là ont fait pour appuyer ses intérêts, et surtout moi qui ne me suis attiré sur le corps la plupart de mes ennemis présents que par une suite de la convention que j'ai fa;te avec le roi d'Angleterre.2 J'ai trop bonne opinion de la pénétration des ministres anglais et de leur façon juste et solide de penser, pour qu'ils voudraient approuver un si noir complot, sans reconnaître que cette neutralité proposée n'est qu'une illusion toute pure et un leurre pour les amuser à ne point prendre à temps et à propos des mesures efficaces, afin qu'une armée française, ayant une fois pénétré en Allemagne, puisse alors prendre au dépourvu les États d'Hanovre et en agir à son gré, pour faire subir, après, à l'Angleterre toutes les lois que la France trouvera à propos de lui prescrire.

Je commence, cependant, de soupçonner fort le ministère d'Hanovre qu'il voudrait faire passer cette neutralité malheureuse. Vous savez les menées sourdes qu'il a faites déjà à ce sujet, et je me doute presque que ce soit l'effet de ses allures que le transport des troupes d'Hanovre et de Hesse a tant traîné jusqu'ici,3 pour avoir, à ce que je soupçonne, le prétexte que, les vents contraires n'ayant pas permis, et que, n'ayant pas pu assembler par là un corps de troupes suffisantes pour l'opposer à l'entrée d'une armée française en Allemagne, l'on s'était vu nécessité d'accepter la neutralité offerte.

Mon intention est donc que vous devez tâcher à bien pénétrer à fond la véritable disposition des ministres anglais relativement à ladite neutralité, et jusqu'où les choses vont actuellement; d'ailleurs, vous vous appliquerez à bien approfondir ce qui empêche véritablement le transport des susdites troupes — car celles qu'on en allègue, ne me paraissent qu'un jeu — malgré l'avis qu'on doit avoir que l'armée française se dispose tout de bon au plus tôt possible dans l'Allemagne, et si peut-être il n'y a pas un manège secret du ministère d'Hanovre, que les ministres anglais ignorent eux-mêmes, pour retarder au possible le transport desdites troupes en Allemagne. Vous devez connaître toute l'importance afin que je sois exactement instruit sur ces choses, et, comme je connais de ma part le zèle que vous avez pour mes intérêts, je m'attends au plus tôt mieux que vous me fassiez un rapport très fidèle, et sans me rien cacher, sur tous ces sujets.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. Nr. 8620.

2 Vergl. Bd. XII, 503.

3 Vergl. S. 275.