8620. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Podewils berichtet, Berlin 15. Februar: „Je viens de recevoir une estafette du baron de Münchhausen d'Hanovre,278-3 avec la lettre et les pièces ci-jointes en original, par laquelle, sur les ordres du Roi son maître, il me charge de communiquer sans délai<279> à Votre Majesté ce que la cour de Vienne a proposé par le comte de Colloredo à Londres touchant une convention de neutralité pour l'électorat d'Hanovre, sous les conditions suivantes :

1° Que, quoique le roi d'Angleterre, comme électeur d'Hanovre aussi bien qu'en qualité de roi de la Grande-Bretagne, était obligé de fournir à la cour de Vienne, attaquée par Votre Majesté, aussi bien qu'à son alliée la cour de Saxe, les secours nécessaires stipulés dans les traités qui subsistaient entre les deux l'Impératrice-Reine voulait bien, pour cette fois-ci, renoncer à ses droits acquis, à cours l'exception toutefois des devoirs de Sa Majesté Britannique comme membre de l'Empire; mais qu'il était juste que cette Princesse pourvût à sa sûreté, et qu'elle proposait pour cet effet au roi d'Angleterre :

2° De s'engager par une convention formelle de ne donner comme électeur, ni en argent ni en troupes, ni directement ni indirectement, le moindre secours à Votre Majesté.

3° D'accorder à l'Impératrice et à ses alliés toutes les sûretés raisonnables pour cet engagement et de le faire garantir par les puissances qu'on trouvera à propos de requérir pour cet effet.

4° L'Impératrice-Reine, en ce cas-là, s'offre à un engagement réciproque pour elle et pour ses alliés, si le roi d'Angleterre, en échange, se charge de répondre, comme électeur d'Hanovre, des princes ses alliés, et qui ont des troupes à sa solde.

Le comte de Colloredo a ajouté à un mémoire par écrit qui contient les articles ci-dessus mentionnés, une proposition de bouche par laquelle il a demandé au roi d'Angleterre, comme électeur d'Hanovre, le libre passage par ses Etats d'Allemagne pour une armée autrichienne et française qu'il a estimée à peu près à 25 ou 26,000 hommes, pour attaquer Votre Majesté dans le dos de Ses États.

Le roi d'Angleterre a fait répondre par des remercîments au comte de Colloredo et ordonné à son ministre, le sieur de Steinberg, à Vienne d'en faire autant au comte de Kaunitz, ajoutant qu'il n'avait point de part à la guerre présente en Allemagne; qu'il souhaitait de tout son cœur de la voir éteinte bientôt; qu'il était obligé des sentiments que l'Impératrice-Reine lui témoignait pour la conservation de la neutralité de ses Etats d'Allemagne, mais qu'il lui fallait des explications plus claires sur bien des passages des propositions du comte de Colloredo, qui paraissent trop obscurs et trop enveloppés, et que, pour ce qui regardait la demande d'un libre passage de l'armée française par les États de l'électorat d'Hanovre, pour attaquer Votre Majesté, le roi d'Angleterre se flattait que l'Impératrice reconnaîtrait elle-même que ce Prince ne pouvait jamais l'accorder, ayant pour cet effet conclu la convention de neutralité avec Votre Majesté, qui l'obligeait de s'opposer, autant qu'il était en son pouvoir, à l'entrée de troupes étrangères en Allemagne.

Voilà en raccourci le contenu des amples incluses que Votre Majesté voudra bien me faire la grâce de me faire renvoyer.279-1

Le baron de Münchhausen ajoute dans sa lettre ci-jointe que sa cour trouve à propos d'en informer les cours de Brunswick, Cassel, Gotha et Eisenach, et de faire surtout sentir à celle de Danemark, qui appuie le plus, selon lui, sur cette convention de neutralité, le venin qu'elle renferme.“

<280>

Dresde, 17 février 1757.

J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait au sujet de la lettre que le baron de Münchhausen vous a écrite touchant les pièces cijointes en original, que je vous renvoie.

Comme je suis assez content de la réponse qu'on a faite au comte Colloredo, en refusant au préalable le point qui a fait l'objet principal des Autrichiens et des Français, et qui apparemment fera que tout le reste sera pendu au croc, vous ne devez point manquer de faire de grands éloges au baron de Münchhausen sur la fermeté, tant du Roi son maître que de ses ministres, qui n'avaient point voulu abandonner leurs amis véritables. Vous relèverez d'ailleurs, en termes les plus flatteurs pour eux, de ce qu'ils avaient d'abord pénétré le tour, quoique assez grossier, que les Autrichiens avaient cru pouvoir leur jouer par la neutralité proposée, et au moyen de laquelle ils n'avaient visé que d'amuser les ministres d'Hanovre, pour leur faire perdre le temps propre pour mettre en état de défense le pays d'Hanovre, et introduire en attendant une armée française en Allemagne, qui, dès qu'elle y aurait pénétré, aurait dû prendre cet État au dépourvu et en agir à son gré, ce qui n'était qu'une insigne trahison; et qu'il fallait être persuadé que les Autrichiens ne travaillaient en tout ceci qu'à nous désunir et nous séparer, pour avoir ensuite d'autant meilleur marché de nous, l'un après l'autre. D'ailleurs, vous ne laisserez pas de relever la hauteur avec laquelle la cour de Vienne leur avait dicté les points de la prétendue neutralité, en leur faisant parler en maître qui faisait grâce à son sujet, et vous leur insinuerez adroitement ce que les électeurs et les princes de l'Empire auraient à attendre de la cour de Vienne et de sa façon d'agir avec eux, si une fois elle était parvenue à ses vastes desseins d'opprimer ou d'accabler les premiers princes de l'Empire.

Quant au reste, le ministère d'Hanovre n'aurait rien à craindre des Autrichiens et, pourvu qu'il prît seulement garde aux Français, que j'espérais de leur tenir le dos libre, et dès que j'aurais seulement les coudées un peu plus franches, je ne manquerais pas de travailler au possible pour ce qui regardait le reste. Enfin, vous n'oublierez rien de tout ce qui pourra faire passer l'envie aux ministres de penser plus à conclure une convention qui leur deviendra funeste à tous égards, et de leur remettre le cœur et le courage. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



278-3 D. d. Hannover 13. Februar.

279-1 Der Geheimrathspräsident Baron Gerlach Adolf von Münchhausen hatte dem am 13. Februar an Podewils gesandten Schreiben abschriftlich beigefügt:
     1) Ein von Kaunitz an Steinberg am 4. Januar übergebenes Memoire, welches die gleichen Propositionen enthielt, die nachher, am 31. Januar, mündlich durch Colloredo in London dem dortigen Minister Baron Philipp Münchhausen gethan wurden.
     2) Eine „mündlich zu thuende Erwiderung“ Münchhausen's, d. d. 1. Februar.
     3) Promemoria Münchhausen's über seine demgemäss am 2. Februar dem Grafen Colloredo mündlich gegebene Antwort.
     4) Entwurf eines von Steinberg an Kaunitz zu übergebenden Gegenpromemorias.