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La nuit qui survint obligea les troupes de rester en plein air jusqu'au lendemain.

Le 21, à la pointe du jour, nos troupes marchèrent en deux colonnes par Habendorf vers l'armée ennemie postée près de Reichenberg, commandée par le général comte de Kœnigsegg et forte de 28,000 hommes.

Dès que les lignes se furent formées, elles avancèrent vers la cavalerie ennemie rangée en trois lignes de 30 escadrons environ; ses deux ailes étaient appuyées par de l'infanterie qui s'était postée dans des abatis et des retranchements.

On tira d'abord avec des canons sur la cavalerie ennemie, qui tint fort bonne contenance, parcequ'elle avait à sa droite un village et à sa gauche un bois, où l'on avait fait des abatis, des retranchements et des trappes. Mais, le duc de Bevern ayant fait avancer 15 escadrons de la seconde ligne et attaquer en même temps le bois qui était à notre droite, par les bataillons de grenadiers de Kahlden et de Mœllendorff et par le régiment du prince de Prusse, qui franchirent tous les abatis et les retranchements qui y étaient, nos dragons, qui avaient ainsi les flancs ouverts, renversèrent entièrement la cavalerie ennemie. Les généraux de Normann, de Ratte et prince de Würtemberg se sont extrêmement signalés dans cette occasion. Le colonel de Puttkammer et le major de Schœnfeld se sont aussi particulièrement distingués en ce qu'ils ont fort maltraité avec leurs hussards les grenadiers à cheval, malgré le feu de l'artillerie ennemie qui donnait sur eux en flanc.

Le lieutenant-général de Lestwitz attaqua en même temps avec notre aile gauche les redoutes qui couvraient Reichenberg. Quoiqu'il y eût à passer beaucoup de défilés et de hauteurs, qui étaient tous occupés par les ennemis, le régiment de Darmstadt força cependant la redoute, et l'ennemi, après avoir fait quelques décharges d'artillerie et de mousqueterie, fut chassé et poursuivi de hauteur en hauteur à plus d'une mille de distance, jusqu'à Rochlitz et Dörfel.

La perte des ennemis monte, autant qu'on peut le savoir à présent, à 1000 morts et blessés, Nous avons fait, de plus, 20 officiers et 400 soldats prisonniers et pris 3 étendards. On doit aussi avoir trouvé des canons et des chariots de munitions dans les abatis et dans les retranchements, mais le départ du courrier empêche d'en donner déjà à présent une note précise.

On suppose que le général Porporati a été tué, parcequ'on a trouvé sur le champ de bataille des lettres à son adresse.

L'action a commencé à 6 heures et demi, et elle a duré jusqu'à 11 heures.

De notre côté, il y a eu 7 officiers subalternes et environ 100 hommes de tués.

Le général de Normann, le major de Mellin du régiment d'Amstel, le colonel de Lettow de Darmstadt, les majors de Platen de Normann,