<62> qu'on avait formé ici contre le duché de Clèves,1 mais que, comme la saison présente ne permettait pas qu'on pût entreprendre tout à l'heure le siège de Wésel, et que la capitulation de l'armée saxonne ouvrait au roi de Prusse l'entrée de la Bohême et pourrait peut-être le mettre à portée de prendre ses quartiers d'hiver dans cette province, la cour de Vienne espérait que Sa Majesté Très Chrétienne voudrait bien marcher à son secours le plus promptement qu'il serait possible, en lui envoyant les 24,000 hommes stipulés par le traité de Versailles, sauf à se concerter ensuite sur les opérations par lesquelles il conviendrait de faire l'ouverture de la prochaine campagne. L'on prétend que M. Rouillé a eu ordre de répondre à cette proposition du comte Starhemberg que, supposé que les suites qui pourraient résulter de la capitulation ci-dessus indiquée, rendissent le secours des 24,000 hommes absolument nécessaire pour couvrir les États de l'Impératrice-Reine, Sa Majesté Très Chrétienne ne refuserait pas en pareil cas de les faire marcher sur-le-champ; mais qu'il lui semblait qu'auparavant d'aller en avant et de rien décider à cet égard, il faudrait attendre que le comte d'Estrées se fût concerté avec le ministère autrichien sur les différents objets qu'il était chargé de lui communiquer; qu'en attendant on ferait toutes les dispositions nécessaires pour la marche du corps auxiliaire, et que, si l'Impératrice-Reine continuait à persister dans la même résolution, on pourrait, par les arrangements qu'on allait prendre, commencer à le faire défiler à la fin de ce mois ou au commencement du mois prochain. On a effectivement tenu depuis ce temps différents comités militaires, et le maréchal de Belle-Isle, qui dirige tous les arrangements qu'on prend dans ces assemblées, a insinué à différents colonels dont les régiments font partie du corps auxiliaire, qu'il pourrait bien arriver qu'ils reçussent ordre de marcher à la fin de ce mois. L'emploi du corps auxiliaire est donc jusqu'à présent tout aussi indécis que l'est le temps de sa marche, et on ne sera éclairci à ce sujet d'une manière positive que lors de l'arrivée des premières dépêches du comte d'Estrées qu'on attend ici avec la plus grande impatience. En même temps, malgré l'incident dont on vient de rendre compte, l'on continue à s'occuper très sérieusement du projet de diversion qu'on a proposé dans le Conseil, concernant le pays de Clèves et l'électorat d'Hanovre, et on discute ces deux objets avec le plus grand soin, quoiqu'on n'ait fait jusqu'à présent aucunes dispositions militaires qui puissent regarder leur exécution. Différents officiers généraux ont promesse du comte d'Argenson et de la Marquise d'être employés, au cas que le corps auxiliaire soit renforcé et porté au delà du nombre stipulé par le traité de Versailles.

Malgré tous ces préparatifs, il est certain que la nation commence à revenir des préjugés dans lesquels elle se trouvait à l'égard du traité de Versailles et de l'entrée du roi de Prusse en Saxe, et qu'on blâme



1 Vergl. S. 39. 60.