<64>sant repasser les Hanovriens et les Hessois,1 pourrait rassembler de ces deux corps une armée de 35,000 hommes. Le duc de Brunswick peut en fournir 5,000, le duc de Gotha 4,000. Assurément, si l'on veut s'y prendre dès à présent et conclure avec eux le marché sans perte de temps, on aurait avec eux 44,000 hommes. Si les Français ne marchent pas en Bohême et que surtout les Russes n'entrent pas en jeu, le roi de Prusse peut joindre 8 à 10,000 hommes de ses troupes à ce corps,2 qui ferait ensemble une armée de 54,000 hommes, nombre süffisant pour résister aux Français.

Voici pour la formation de l'armée; quant à ses opérations, il est nécessaire, avant d'en parler, d'entrer dans quelques détails préalables.

Il faut premièrement examiner ce que les Français peuvent faire pour mettre leur dessein en exécution. Selon toutes les apparences, leur armée s'assemblera dans les trois évêchés, ou bien du côté de Visé. S'ils s'assemblent à Metz, ils ont 40 milles d'Allemagne de là à Wésel, qu'ils ne peuvent faire qu'en 17 jours de marche. S'ils s'assemblent à Visé, ils ont à peu près 30 milles d'Allemagne à faire, ce qui est l'affaire de 13 à 14 jours.

Dès qu'ils auront résolu cette expédition, ils n'ont que trois endroits propres pour former leurs magasins : Rœremonde, Kaiserswerth ou Neuss. Il est à croire qu'ils se détermineront plutôt pour les deux premiers, tant pour leur situation que parceque ces villes sont entourées de quelques ouvrages fortifiés, et que, par le moyen de la Meuse et du Rhin, ils peuvent transporter leurs munitions jusqu'auprès de Wésel.

Wésel3 est bien fortifié, mais les4 ouvrages sont à proportion de la ville dont ils composent l'enceinte, comme un large et vaste habit sur le corps d'un homme fluet et décharné. La ville est petite, elle ne peut contenir que les six bataillons qui lui servent de garnison, et qui ne font que 4,200 hommes. Les ouvrages ne sont point minés, et quoiqu'elle ne manque ni de munitions de guerre, ni de canons pour sa défense, elle ne soutiendrait pas longtemps un siège de la façon qu'on les fait aujourd'hui, surtout depuis que ce ne sont plus les ouvrages, mais les mines qui défendent les places. Si donc les Français arrivaient vers le 15 ou le 20 de mars à Wésel, il faudrait s'attendre5 à prise de ville vers la fin du mois. La conquête de cette place serait très avantageuse aux Français, parcequ'elle assurerait leurs derrières, qu'elle leur fournirait un passage sur le Rhin, un magasin pour leur armée et un entrepôt sûr qui assurerait toutes les opérations6 qu'ils pourraient entreprendre7 sur la Westphalie et sur le pays d'Hanovre.



1 Vergl. S. 56.

2 Vergl. Bd. XIII, 609.

3 Erster Entwurf: „La ville de Wésel.“

4 Erster Entwurf: „mais elle est pour la ville dont elle compose l'enceinte, comme etc.“

5 Erster Entwurf: „s'attendre que la ville serait prise à la fin du mois. La prise de cette place serait d'un grand avantage pour les Français etc.

6 Erster Entwurf: „demarches“ .

7 Erster Entwurf: „tenter“ .