<92> trouvait sur la droite des Saxons. A peine eut-on exécuté deux pièces de canon sur cette arrière-garde, que tout s'enfuit. Les hussards se jetèrent sur les bagages de l'armée, qu'ils pillèrent, et les chasseurs se glissèrent dans des bois proches de l'Elbe dont ils tirèrent sur cette arrière-garde qui se sauvait. La tête tourna aux Saxons, et ils coupèrent leur pont, qui fut entraîné par le courant de la rivière jusqu'au poste de Rathen, où on le prit. L'armée prussienne se campa sur la hauteur de Struppen, la gauche à l'Elbe et la droite prolongeant un grand ravin qui va se perdre vers Hennersdorf; c'est dans cette situation que se trouvaient les troupes prussiennes, saxonnes et autrichiennes, lorsque le Roi arriva avec ses dragons le 14 au camp de Struppen.

Les Saxons espéraient sur les efforts que feraient les Autrichiens pour les dégager; les Autrichiens attendaient l'avertissement d'un certain signal pour commencer l'attaque. Le signal ne se donna point, les Saxons étaient dans un cul de sac où les mains leur étaient liées, il leur était impossible de surmonter les difficultés qu'ils avaient à vaincre, et quoique le roi de Pologne, qui était à Kcenigstein, voulût que ses troupes attaquassent, ses généraux lui en firent sentir l'impossibilité entière. M. de Browne, voyant alors la mauvaise situation où il se trouvait, se retira le 14 vers la Bohême. Warnery avec ses hussards donna sur leur arrière-garde, composée de 300 hussards et de 200 pan dours, et les battit, et l'infanterie hongroise fut passée au fil de l'épée.

Cette affaire qui a donné lieu à tant de reproches et de discussions entre les généraux autrichiens et saxons, est facile à décider. Il paraît par l'inspection oculaire des lieux que de deux côtés ils n'ont pas assez exactement connu le terrain que les Saxons choisirent pour leur retraite, et qui seul a donné lieu à la reddition de l'armée saxonne.

Le roi de Pologne, voyant que son armée était dans une situation à ne pouvoir se faire jour par l'épée, qu'elle n'avait ni vivres ni secours à espérer, consentit qu'elle se rendît prisonnière de guerre. Le comte Rutowski fut chargé de dresser la capitulation; le Roi voulut bien rendre les drapeaux, étendards et timbales, qu'on rapporta au roi de Pologne à Kcenigstein. On accorda à cette forteresse la neutralité pour le cours de la présente guerre, et, sur ce que le roi de Pologne désira de se rendre en son royaume, tous les chevaux furent commandés sur sa route, tant en Saxe que par le pays du Roi qu'il avait à traverser. Le 16, l'armée saxonne défila et fut conduite dans notre camp, où la plupart des soldats prirent parti, les officiers eurent la permission sur leur parole de se retirer chez eux. Le 18, le roi de Pologne prit le chemin de Varsovie, on retira toutes les troupes sur son passage et on eut les mêmes égards pour sa personne que ceux qui s'observent entre les têtes couronnées pendant la plus profonde paix. C'est un des avantages que notre siècle poli et éclairé a sur les siècles passés, que la politesse et l'humanité s'exercent au sein de la guerre. La reine de Pologne, toute la famille royale n'ont pas quitté leur capitale, et au