<93> milieu de leurs ennemis ils reçoivent les mêmes hommages auxquels ils sont accoutumées de leurs sujets. Quand on compare à ce temps-ci ceux de François I et de Charles V, on en voit toute la différence, et l'on bénit le Ciel d'être né dans un siècle moins barbare.

Après la reddition des Saxons, le Roi retourna en Bohême pour ramener son armée hiverner en Saxe. Le 25 le maréchal Keith quitta le camp de Lobositz et prit celui de Hlinay, sans que l'arrière-garde aperçût d'ennemi. Le 28 nous marchâmes à Neudorf, le 29 à Schœnwalde. Le froid devenait si excessif qu'on ne pouvait plus enfoncer en terre les piquets des tentes. Le 30 l'armée rentra en Saxe, où elle cantonna entre Pirna et la frontière le long de l'Elbe. Le général de Zastrow occupa avec sa brigade les postes de Giesshübel et de Gottleube; les pandours vinrent l'attaquer, ils furent repoussés et chassés avec perte au delà de Peterswalde. Depuis ce temps, dégoûtés d'être toujours mal reçus, ils n'inquiétèrent plus nos postes avancés.

En même temps que l'armée de Lobositz quittait la Bohême, le maréchal de Schwerin eut ordre de rentrer en Silésie. Il avait passé l'Elbe à Jaromer. Après y avoir tout fourragé, il marcha sur Skalitz, où il fut suivi par quelques mille Hongrois; il les fit chasser jusqu'à Smiritz et continua tranquillement sa marche. Il entra le 2 de novembre dans le comté de Glatz et mit son armée dans des quartiers de cantonnement.

Nous avons commencé à prendre nos quartiers d'hiver, et il y a grande apparence que la campagne est finie pour cette année. L'on n'est point entré dans cette relation dans le détail de petites actions particulières qui n'intéressent pas le public; cependant, il est juste de rendre au mérite des officiers qui se sont singulièrement distingués, l'hommage qui leur est dû. M. de Syburg et M. de Miltitz se sont surtout surpassés au poste de Salesel, où ils furent attaqués par un gros corps de pandours qu'ils chassèrent des chemins creux où ils s'étaient embusqués, la baïonnette au bout du fusil. M. de Rosen, major au régiment de Fouqué, enleva de même avec beaucoup de dextérité un poste de hussards ennemis qui s'étaient aventurés dans le comté de Glatz, pour y commettre des pillages. M. de Rosenkrantz, lieutenant au régiment de Wechmar, défit avec 40 chevaux 60 hussards ennemis qui s'étaient glissés entre Wartha et Frankenstein, et fit plus de prisonniers qu'il n'avait de monde. Ces faits qui paraissent des miniatures après les grands tableaux que nous avons vus, doivent cependant trouver leur place dans les archives du temps et servent comme d'échantillons des talents, de la capacité, de la noble émulation et de la valeur qui se trouvent généralement parmi tous les officiers de l'armée prussienne.

Nach dem von Eichel an Podewils übersandten Druckexemplar. 1



1 Nach. Eichel's Schreiben vom 25. November ist die Relation in Dresden gedruckt; sie enthalte, schreibt er, mehrfache Druckfehler (vergl. S. 85. 90). Die Handschrift des Königs ist nicht mehr vorhanden.