8301. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK A BRUNSWICK.

Sedlitz, 7 novembre 1756.

Monsieur mon Frère et Cousin. Je n'ai pu être que sensiblement touché des sentiments d'amitié et d'attachement que Votre Altesse a bien voulu continuer de me témoigner de la manière la plus affectueuse par Sa lettre du 29 d'octobre dernier.

Je suis entièrement du sentiment de Votre Altesse que la conduite peu mesurée et grossière de la cour de Vienne, par laquelle elle se démasque de plus en plus sur ses vues despotiques contre les États de l'Empire, et la sujétion qu'elle prétend leur imposer, ne sauraient manquer de leur présenter une perspective bien claire sur le sort qu'ils auraient à attendre, au cas que ladite cour devait réussir de m'accabler, moi qui ne fais qu'agir en bon patriote, en défendant les droits et les libertés du Corps Germanique.19-3

J'ai donc, cela me semble, tout lieu de m'attendre de la part de tous les États de l'Empire qui pensent en bons patriotes d'une manière digne d'eux, et auxquels leur propre conservation est chère, qu'ils vou<20>dront bien aller, pendant qu'il en est temps encore, au devant de l'oppression que la cour de Vienne leur prépare, et se réveiller pour voir ce qu'il y aura à faire d'efficace pour le maintien de leur lustre et de leur liberté, afin de ne point faire le second tome de la- fable de la hache, requérant les arbres de lui fournir le bois pour son manche.

L'autorité tout-à-fait tyrannique que s'arroge la cour de Vienne, et les contraventions inouïes et sans nombre auxquelles se porte l'Empereur contre la capitulation de son élection,20-1 doivent nécessairement donner dans les yeux aux États de l'Empire et les faire réfléchir sur l'urgente nécessité qu'il y a de leur opposer une digue assez forte par un concert à prendre entre eux, auquel ils doivent nécessairement, en qualité de bons patriotes, avoir recours dans l'occurrence présente. Les sentiments généreux que je connais à Votre Altesse, me sont de sûrs garants qu'Elle voudra bien contribuer de toutes Ses forces à établir et consolider un concert aussi salutaire.

Au reste, je ne dois pas laisser ignorer à Votre Altesse que Sa Majesté Britannique n'est rien moins qu'intentionnée de se prêter à un traité de neutralité avec la cour de France relativement à ses provinces d'Allemagne,20-2 de façon que ce qu'en a annoncé la gazette, est purement faux et controuvé.

Je ne cesserai d'être à jamais avec l'amitié la plus distinguée et la considération la plus parfaite, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Altesse le bon frère et cousin

Federic.

Nach dem Concept.



19-3 Vergl. S. 1.

20-1 Vergl. Bd. IV, 98. 101.

20-2 Vergl. S. 3; Bd. XIII, 565.