8314. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A DRESDE.

[Sedlitz], 9 novembre 1756.

Monsieur. C'est en conséquence des ordres du Roi mon maître que j'ai l'honneur de vous présenter ci-clos un précis de la relation du baron de Knyphausen à Paris dont vous lisiez avant-hier l'original27-1 en toute son étendue. Sa Majesté souhaite que vous voudriez bien envoyer ce précis à votre cour par le premier courrier que vous y dépêcherez, afin qu'elle soit instruite du plan que la France médite, et qui menace également les États de Sa Majesté Britannique et ceux du Roi.

Je joins encore un petit extrait de ce que le sieur de Hellen a marqué dans son dernier rapport que j'ai eu l'honneur de vous communiquer.

Je finis, en vous réitérant, Monsieur, les protestations du respect et de la parfaite considération avec laquelle je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Eichel.

Précis d'un rapport du baron de Knyphausen fait le 29 d'octobre 1756.

La négociation qui subsiste depuis quelque temps entre la cour de France et celle de Vienne, touchant la prestation du corps auxiliaire stipulé par le traité de Versailles,27-2 se trouve toujours dans un état d'incertitude. L'Impératrice-Reine continue toujours avec instance qu'on envoie promptement à son secours les 24,000 hommes qu'elle est en droit d'exiger,27-3 et qu'elle veut absolument qu'ils soient incorporés dans ses armées et qu'on la laisse la maîtresse d'en disposer à son gré, au lieu que d'un autre côté la France a une forte répugnance d'envoyer de ses troupes en Bohême, surtout en une saison d'hiver, et de les soumettre aux ordres des généraux étrangers. L'on a donc formé un autre plan en France et donné ordre au comte d'Estrées d'y insister,<28> pendant sa présence à Vienne, auprès de l'Impératrice et de faire les plus grands efforts pour la disposer à y donner son suffrage, en conséquence duquel plan la France s'offre de faire marcher toute seule 50,000 hommes pour entreprendre une diversion contre les États de Votre Majesté en Westphalie, et que la France entretiendrait ce corps d'armée à ses dépens et pourvoirait à tous les frais de la guerre, pourvu qu'on voulût la tenir quitte des engagements pris par le traité de Versailles et ne rien exiger d'elle au delà de cette démarche. Ce même corps d'armée doit être employé, en cas de réussite contre l'électorat d'Hanovre, où la France se propose également de faire une levée de boucliers dans le cours de la campagne prochaine, et après qu'elle se sera rendue maîtresse de la ville de Wésel, afin de faire ainsi d'une pierre deux coups.

Comme l'on regarde à la cour de France ces offres comme extrêmement avantageuses pour celle de Vienne, l'on ne doute point qu'elle ne les accepte et qu'elle ne renonce au projet qu'elle a de se servir du corps auxiliaire dans ses États héréditaires. L'on se prépare en conséquence à ouvrir la campagne au mois de mars, et quoique point d'autres régiments n'aient à présent ordre de marcher que ceux qui composent le corps auxiliaire qu'on assemble à Strasbourg,28-1 cependant plusieurs officiers généraux qu'on a promis d'employer dans cette expédition, forment déjà sous main leurs équipages, et le bureau de la guerre fait plusieurs dispositions qui paraissent se rapporter au même objet. Cependant, l'exécution de ce projet dépend de la réussite de la commission du comte d'Estrées auprès de la cour de Vienne. En attendant, Votre Majesté peut compter que tous ces détails sont conformes à la plus exacte vérité et que je n'ai rien négligé de m'assurer de leur authenticité.


Extrait d'un rapport du sieur de Hellen à la Haye du 2 novembre.

Il serait fort à souhaiter que le ministre d'Angleterre fût autorisé, vers le temps de la prochaine assemblée des États de Hollande, de faire quelques propositions détaillées et acceptables par rapport aux différends de commerce,28-2 et je me persuade qu'alors il y aura moyen de s'entendre peu à peu.


Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.



27-1 Vergl. S. 31.

27-2 Vergl. Bd. XIII, 611.

27-3 Nach dem VI. Artikel des versailler Vertrages vom 1. Mai 1756. Vergl. Wenck, Codex juris gentium, Bd. III, 144.

28-1 Vergl. Bd. XIII, 525.

28-2 Vergl. Bd. XIII, 612.