8527. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A BERLIN.

Dresde, 16 janvier 1757.

Monsieur Mitchell. Je crois devoir vous communiquer ce qui vient de m'être mandé par un canal bien sûr en France, auquel j'ai pu me fier jusqu'à présent par rapport aux nouvelles qu'il m'apprend. Je serais bien aise si vous le croyez mériter que vous en avertissiez votre cour, qui en verra au moins combien je cherche de l'avertir fidèlement de tout ce qui regarde ses intérêts et la cause commune. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Le 2 janvier 1757.

Il semble que les affaires intérieures absorbent toute l'attention du public. Il règne partout à l'égard des affaires générales le silence le plus profond. On assure généralement que l'exemple du parlement de Paris204-3 va être suivi, immédiatement après les vacances, par ceux de Rouen, de Rennes et de Bordeaux, et il est fort à craindre que ceuxci n'entraînent enfin tous les autres. Les troubles qui agitent l'intérieur du royaume, ne peuvent qu'influer beaucoup sur les affaires du dehors. Il est même aisé de s'en apercevoir. Le crédit de la compagnie des Indes tombe de plus en plus, malgré les avantages remportés en Amérique. Les effets royaux ont le même sort et les nouveaux em<205>prunts dont on parle, ne sont guère propres à augmenter la confiance du public.

Toutes ces circonstances font désirer la paix assez généralement, mais les vœux publics ne paraissent pas encore faire beaucoup d'impression sur la façon de penser du ministère. Les préparatifs de guerre par terre et par mer ne se ralentissent point. L'escadre, sortie du port de Brest il y a un mois, est destinée pour les côtes de Guinée. Elle vient d'être suivie par une autre commandée par M. de Bauffremont. Cette dernière a des troupes de débarquement à bord, mais on en ignore la destination.

D'un autre côté, la cour de Vienne a obtenu son but, l'on prétend que la France enverra dans le courant de mars un corps de 30 à 40,000 hommes dans la Moravie,205-1 pour agir séparément contre le roi de Prusse. Ce corps, à ce qu'on dit, sera composé, outre les régiments étrangers qui ont déjà été nommés l'automne passé, des deux nouveaux régiments que le duc de Deux-Ponts lève dans ses États, et dans lesquels tous les déserteurs français pourront prendre service, de même que d'un autre régiment qu'on lève dans le pays de Liège, de même que d'un régiment de hussards que le prince de Nassau s'est engagé de lever. Pendant que ce corps auxiliaire se rendra dans les États héréditaires de l'Impératrice-Reine, une armée plus considérable s'assemblera sur le Rhin, pour marcher dans l'Empire pour garantir le traité de Westphalie et s'approcher sous ce prétexte des États d'Hanovre.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.



204-3 Die grosse Mehrzahl der Ruthe des pariser Parlaments hatte in Folge des lit de justice vom 13. December 1756 bezüglich der Bulla Unigenitus die Aemter niedergelegt und damit einen Stillstand der Justiz herbeigeführt.

205-1 Vergl. S. 39.