8604. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A BRUNSWICK.

Dresde, 11 février 1757.

Je ne vous fais ces lignes, Monsieur, que pour vous dire dans la dernière confidence que, selon ce que je m'aperçois à plusieurs égards, le ministère d'Hanovre, imbu peut-être encore des idées que la cour de Vienne lui a fait faire inspirer pour lui tendre piège,265-3 travaille encore bien lentement sur les mesures les plus efficaces et les seules qui restent pour mettre en sûreté les États d'Hanovre et ceux de Hesse. Si ce ministère y songeait, il s'apercevrait bientôt que tout ce que la cour de Vienne lui a fait insinuer, n'est qu'une illusion toute pure, vu que ladite cour avec tout son ascendant qu'elle a maintenant sur celle de France, ne pourra jamais réussir à la faire renoncer sérieusement au dessein d'envahir les États d'H'anovre, afin d'obliger par là le roi d'Angleterre de souscrire à telles conditions qu'elle voudrait lui imposer. C'est pourquoi je laisse à votre considération s'il ne conviendra pas que vous en fassiez remarquer quelque chose de cette nonchalance dudit ministère, quoiqu'en me ménageant le secret de ce que je vous [ai] confié par ma lettre antérieure,265-4 afin qu'il fût donné, de la part de Sa Majesté Britannique et de son conseil, du réveil à ce ministère, et qu'il fût excité de sa léthargie. Te prie Dieu etc.

Federic.

P. S.

Aussi mon général comte de Schmettau [vous] communiquera un avis265-5 que je viens de recevoir dans ce moment touchant la construction<266> des magasins que les États de Hildesheim doivent faire dans cet évêché sur l'ordre de l'électeur de Cologne. Comme cet avis, que je ferai cependant mieux éclairer encore, me paraît de conséquence, vu que cela marquerait assez le dessein de vouloir amener là la guerre pour prendre de front et de derrière les États d'Hanovre, j'ai ordonné à mondit général de consulter là-dessus avec vous, afin d'en parler au ministère d'Hanovre et pour aviser avec celui-ci s'il ne convenait pas, supposé que l'avis se confirme, de faire enlever ces magasins construits sur leurs frontières, afin de prévenir par là tout inconvénient qui, sans cela, ne saurait qu'en résulter.

Federic.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.



265-3 Vergl. S. 253.

265-4 Nr. 8591.

265-5 Vergl. Nr. 8605.