8641. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A HANOVRE.

Dresde, 22299-2 février 1756.

Monsieur. Après que le courrier que vous m'aviez dépêché, fut reparti d'ici,299-3 j'ai reçu un avis de Pétersbourg de la date du 5 de ce mois,299-4 par lequel j'ai appris qu'après une conférence tenue le Ier de ce mois entre les ministres de Russie et le comte d'Esterhazy, de même qu'avec le général autrichien Buccow, qui y a été envoyé par la cour de Vienne pour régler les opérations de guerre avec les Russes,299-5 l'ordre a été expédié à l'amirauté qu'on devait équiper toute la flotte de Russie, soit vaisseaux de guerre soit galères, afin de la faire sortir, dès que les eaux là seraient dégagées des glaces.

J'ai trouvé cet avis si intéressant que je n'ai pu m'empêcher de vous en faire communication, ne doutant que vous n'en informiez bientôt votre cour, pour qu'elle s'avise d'autant plus tôt sur le secours qu'elle veut me donner par une flotte à envoyer dans la Baltique,299-6 afin qu'elle y arrive assez tôt pour tenir en respect celle de Russie ou pour empêcher même, s'il est possible, sa sortie des ports de Russie. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

P. S.

Ayant reçu encore des nouvelles assez intéressantes de Russie, par un très bon canal sur lequel je puis compter, j'ai bien voulu vous les communiquer encore par la copie ci-close,299-7 afin que vous en puissiez faire usage auprès de votre cour, si vous croyez qu'elle n'en soit pas déjà instruite. Je vous prie, en attendant, de m'en garder le secret, pour n'en rien faire apparaître, ni à Brunswick ni à Hanovre, uniquement pour ménager mon canal.

<300>

Comme on m'a communiqué d'ailleurs une pièce assez singulière, et dont on n'a eu guère d'exemple par sa grossièreté en expressions et par les noires calomnies qui y sont comprises, je n'ai hésité cependant de vous en faire part,300-1 ne fût-ce pour la rareté du fait et pour vous prouver jusqu'où la férocité des ministres de Russie peut aller, et combien de mensonges et de calomnies les cours autrichienne et saxonne leur ont fait impudemment accroire.

Federic.

I.

Par des avis sûrs de Pétersbourg du 15 janvier, on sait que le secours stipulé entre la Russie et la France a été réglé à 24,000 hommes ou à un million 800,000 roubles par an.300-2

Il doit se faire une convention avec la cour de Vienne, par laquelle celle-ci payera à celle de Russie annuellement un subside d'un million de roubles, au lieu des deux millions de florins promis par l'article 4 séparé et secret du traité de 1746300-3 en un seul payement. Ce subside d'un million de roubles sera payé de six en six mois à Pétersbourg, et toujours d'avance.300-4

La cour de France a fait demander quel subside la cour de Russie exigeait pour un corps de ses troupes qu'on employerait pour réduire le roi de Prusse dans de certaines bornes. On a répondu que, si la France a des propositions à faire, Elle doit s'expliquer clairement et dire ce qu'elle exige, et ce qu'elle veut donner.

Le courrier dont il a été fait mention,300-5 a été expédié à Mr. d'Apraxin, comme il a été dit, mais, l'Impératrice ayant négligé de signer l'ordre qui avait été dressé, ce courrier n'a porté au feld-maréchal qu'une lettre du Grand-Chancelier, qui l'avertit du contenu de l'ordre en question, et lui apprend qu'il le recevra incessamment, afin qu'il puisse faire ses dispositions sans perte de temps.

Il est arrivé une réponse du feld-maréchal Apraxin; il dit qu'il espère de pouvoir faire entreprendre quelque chose contre la Prusse par ses troupes irrégulières dans le temps de trois semaines, mais qu'il lui était impossible de rien faire avant la mi-mars avec une armée qui manque d'officiers. Il a insisté aussi qu'on lui envoyât un manifeste qu'il pût faire publier avant de commencer les opérations.

<301>

Si le commencement des opérations est réservé à la fin de mars, elles pourraient très bien être retardées jusqu'à la fin de mai,301-1 parceque le transport de l'artillerie est à peu près impraticable par la Lithuanie et la Courlande dans cette saison-là. On ne doit s'attendre à aucun succès de ces opérations, puisque les défauts et les désordres de l'armée se manifestent de plus en plus. Les armes qui sont de fabrique russienne, résistent à peine à quatre ou cinq décharges.

Le général Lieven, à qui tous ces défauts et les désordres sont connus, paraît vouloir se dispenser de servir, sous prétexte du mauvais état de sa santé. Il est encore à ses terres.

L'Impératrice, qui a eu une rechute de son mal,301-2 a souvent des évanouissements considérables. Quand elle sera un peu remise, elle se fera transporter à Zarskoje-Sselo, pour y prendre des remèdes.


II.
Lettre circulaire aux ministres russiens aux cours étrangères, datée de Pétersbourg le 21 janvier 1757.

Les violences inhumaines que le roi de Prusse fait à toute la Saxe, sont suffissamment connues.

Nous jugeons nécessaire que, quand il sera question à l'avenir des procédés en Saxe, vous donniez à connaître tout net que ledit roi aura lieu de regretter avec le temps, quoique trop tard, son procédé en Saxe et les violences par lui commises, vu que, par ses propres rapines, il justifie tout ce qui pourra se commettre en Prusse par nos troupes irrégulières, ayant été lui-même en cela si loin que ces troupes, qui d'ailleurs sont sans mœurs et sans lois, et dont la façon de vivre est telle, l'imiteront néanmoins entièrement en ce point.

Nous nous flattons qu'à l'occasion de vos insinuations, toute la terre se préparera, insensiblement et comme de longue main, à apprendre avec d'autant moins d'étonnement lorsqu'effectivement il se commettra telles choses, par nos troupes irrégulières, qui ne sauront être conciliées avec aucune discipline militaire. Il est, pour cet effet, très nécessaire que vous vous serviez de toutes les occasions pour dépeindre bien vivement le procédé barbare et l'inhumanité du roi de Prusse.


Die Schreiben an Mitchell nach den Ausfertigungen im British Museum zu London. Die Beilagen nach den ebendaselbst befindlichen, Mitchell übersandten Abschriften.



299-2 In der Vorlage, der Ausfertigung: 20 février; im Concept: 22 février. Hauptschreiben wie Postscript tragen von Mitchell's Hand den Vermerk: „Rendered at Hannover 25 February by estafette“ . Das Datum des Concepts verdient den Vorzug, da das durch den Mitchell'schen Kurier übersandte Schreiben vom 20. Februar (Nr. 8634) ebenfalls schon nach drei Tagen in Hannover Mitchell präsentirt worden ist, und da — als Schreiben vom 20. Februar — das obige Schreiben nur ein Postscript zu dem vorangehenden vom 20. Februar (Nr. 8634) gebildet haben würde; endlich sind die im Postscript genannten Nachrichten aus Russland am 20. Februar noch nicht in Händen des Königs.

299-3 Mit dem Königlichen Schreiben an Mitchell vom 20. Februar (Nr. 8634).

299-4 Vergl. S. 297. 298.

299-5 Vergl. S. 233.

299-6 Vergl. Nr. 8640.

299-7 Beilage I. Diese Nachrichten wurden am 14. Februar von der Prinzessin von Oranien dem Könige zugesandt. Vergl. Nr. 8654.

300-1 Beilage II.

300-2 Im Accessionstractat, Petersburg 31. December 1756 (st. vet.), trat Russland dem Vertrage von Versailles bei. Vergl. S. 248 u. Martens, Recueil des traités etc. conclus par la Russie, I, 188 ff. In Art. VI und VII ist die Höhe der Hülfstruppen auf 18,000 Mann Infanterie und 6000 Mann Cavallerie fixirt; oder es sollen als Aequivalent monatlich 8000 Reichsgulden statt je 1000 Infanteristen, 24,000 Reichsgulden statt je 1000 Cavalleristen gezahlt werden.

300-3 Vergl. Bd. V, 187; Martens, I, 169 ff.

300-4 Erneuerung des österreichisch-russischen Defensivtractats am 22. Januar 1757 (st. vet). Martens, I, 201 ff. Der Article sépaté et secret enthält die obige Bestimmung über die jährliche Zahlung einer Million Rubel an Russland für die Dauer des Krieges.

300-5 Vergl. S. 244.

301-1 Vergl. S. 273.

301-2 Vergl. S. 230.