9456. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Au Quartier de Grochwitz, 22 octobre 1757.

J'ai reçu les rapports que vous m'avez faits du 4 et du 7 de ce mois, dont j'ai été bien content, par les informations exactes que vous me donnez sur la disposition du ministère anglais à mon égard, et sur tout ce qui est arrivé d'ailleurs. Mais ce qui me frappe le plus, c'est que ni le ministère anglais ni le Roi lui-même ne savent brider les ministres hanovriens, après la conduite la plus misérable qu'ils ont tenue touchant cette convention infâme455-2 qui a été faite sous leurs auspices et direction, et que ces gens-là osent toujours continuer leurs chipotages avec les cours ennemies de France et de Vienne. Ces gens-ci ne m'autorisent-ils pas, par leurs menées et trahisons secrètes, qui ne tendent proprement que contre moi, d'user de représailles contre eux et de me conduire à leur exemple, sans qu'on saurait trouver à y redire?

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Comme je ne doute pas que vous n'ayez reçu ma lettre du 16 de ce mois,456-1 par laquelle je vous ai adressé une autre pour le roi d'Angleterre,456-2 et que vous n'ayez eu soin de la faire parvenir à sa direction, je n'attends à présent que la réponse que j'aurai là-dessus pour me décider ultérieurement.

Comme je viens de voir, par votre dépêche, que l'exécution du dessein des Anglais a mal réussi,456-3 il m'est venu dans l'esprit une idée de quelle façon l'on saurait, malgré cela, se servir des troupes une fois embarquées sur la flotte, pour faire évacuer le pays d'Hanovre. En voici, par ce qui suit, le plan projeté pour faire évacuer le pays d'Hanovre et de Brunswick aux Français.

Il faudrait que les troupes anglaises, qui ont manqué leur objet à Rochefort, débarquassent à l'Elbe, et que, jointes avec l'armée des alliés, [elles] attaquassent droit à Nienburg, Hameln et Minden, marchant par cantonnement et ne se joignant que lorsque il faut donner un coup de collier. Je propose cette marche sur le [Wéser] par les raisons suivantes. Premièrement, parceque c'est prendre les Français par leurs derrières; en second lieu, parceque Nienburg, Hameln et Minden sont des endroits qu'on peut prendre par un coup de main; tertio, parceque cela obligerait les Français, malgré eux, d'évacuer Brunswick [et] l'Hanovre, que l'on ruinerait infailliblement, si on les attaque de vive force. Si les Anglais joignent tout au plus à ces troupes, vers le printemps, 3000 hommes de leur cavalerie, on pouvait chasser les Français de toute l'Allemagne. Mais, pour l'effet, il faut agir offensivement.

Vous pouvez en tirer copie de votre main propre pour le faire voir à milord Holdernesse, et d'autres à qui vous le trouverez convenable, en laissant à leur considération s'ils y veulent réfléchir et en faire usage. Ils sentiront eux-mêmes que vous leur demandez le secret là-dessus, et surtout de s'en cacher devant les ministres d'Hanovre sans exception, par les raisons susdites, et de crainte qu'il n'y en ait qui en fassent un sacrifice ou à la cour de Vienne ou à celle de Versailles. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



455-2 Vergl. S. 354. 424.

456-1 Nr. 9424.

456-2 Nr. 9423.

456-3 Vergl. S. 447.