<340> Holstein avec ses troupes, je ne le retirerai pas. Mais ayez la bonté de considérer vous-même la longueur et la distance de la marche que ces troupes auront à faire, quand je me verrai obligé de les faire aller dans la Poméranie ultérieure et aux frontières de la Pologne ou même ici en Silésie. A ce qu'il me paraît, je pourrais en avoir indispensablement besoin dans le courant du mois de mai.

Au surplus, je ne suis nullement plus embarrassé sur ce qui vous reste à faire d'opérations dans la mauvaise situation où se trouvent les Français. 11 faut absolument qu'ils s'enfuient au delà du Rhin. Mais quand vous les y aurez rejetés, je veux bien vous aviser que vous disposiez avec bien de la précaution la chaîne des troupes sous vos ordres. Car ne pouvant naturellement pas présumer que les Français voudraient aussi abandonner Wésel, mais qu'il faut croire plutôt qu'ils tâcheront de maintenir cette place, il importera que vous usiez de précautions, pour ne pas en être insulté, ni n'en pas essuyer quelque affront par des surprises. C'est pourquoi je suis d'avis qu'en faisant votre chaîne, vous vous teniez éloigné en deçà de Wésel à la distance de 5 à 6 milles, pour ne pas être exposé à des insultes; mais si, contre toute mon attente, les Français, dans la bredouille où ils se trouvent, devaient aussi abandonner Wésel, alors, et en ce cas-là, je vous prie de le faire occuper, mais d'assembler d'abord du monde, pour en faire raser les fortifications à tel heu que vous le trouverez le plus convenable pour en faire une place ouverte, et dont l'ennemi ne pourrait plus se servir pour place de guerre.1

Comme aussi les électeurs de Cologne2 et palatin3 ont fait voir dans tout le cours de la présente guerre une animosité déraisonnable et très déplacée contre moi et même contre le roi d'Angleterre, en usant de tous les mauvais procédés contre nous dont ils ont été capables, et qu'ils méritent bien de sentir à l'occasion présente notre ressentiment, je vous prie bien que, dès que vous serez approché aux environs du pays de Berg et de celui de la domination de l'électeur de Cologne, d'y détacher alors mes hussards et mes dragons pour rafler ces pays-là et pour châtier un peu par là ces princes de la mauvaise conduite qu'ils ont tenue contre moi, ce que je crois que vous ne me refuserez pas.

Ce que je conseille, au surplus, à Votre Altesse de faire, quand Elle aura rejeté les Français au delà du Rhin, c'est de faire toujours répandre des bruits, quand même Elle n'en fera rien, qu'Elle était résolue de passer le Rhin tantôt d'un côté tantôt d'un autre, pour tomber encore dans les quartiers des Français et les attaquer au delà du Rhin. Vous retirerez l'avantage de ces bruits que, par ces appréhensions, vous tiendrez toujours les Français là sur la défensive,



1 Vergl. Bd. XIV, 201. 250. 454. 552.

2 Vergl. Bd. XIV, 554

3 Vergl. Bd. XV, 144.