9737. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Breslau, 30 janvier 1758.

Le rapport que vous m'avez fait du 10 de ce mois, m'est heureusement parvenu. Je me réfère d'abord à ce que je vous ai déjà marqué par ma dépêche du 25 de ce mois,209-2 qui, sans doute, vous aura été déjà rendue; mais comme, en conséquence de votre rapport ci-dessus allégué, le ministère britannique souhaite beaucoup que l'armée sous les ordres du prince Ferdinand de Brunswick ne reste pas longtemps dans 1 inaction, et prétend à cette fin que j'y doive envoyer des secours capables de la remettre en mouvement,209-3 je vous avoue que j'ai tout lieu d'être très surpris d'une telle prétention à ma charge de la part dudit ministère. Il me demande de gros secours; saurait-il ignorer que je suis entouré de différents ennemis contre lesquels j'ai à me soutenir uniquement par mes propres forces? Il y a les forces de l'Autriche et des cercles de l'Empire que j'ai à observer, d'ailleurs celles de la France qui sont en quartiers aux voisinages de Saxe, du Magdeburg et du Halberstadt et de la Vieille-Marche.209-4 Il faut que je défende toutes les<210> frontières de la Silésie et contienne les Suédois à Stralsund et sur l'île de Rügen; d'ailleurs les Russes rentrent dans ma province de Prusse :210-1 comment veut-on que je me dégarnisse de troupes pour renforcer considérablement encore la susdite armée, et ne prétend-t-on pas à des choses impossibles là-dessus, à moins qu'on ne veut que je doive ruiner toutes mes propres affaires pour aller soutenir préalablement celles d'Hanovre? Ne saurait-on comprendre des choses si visiblement vraies que personne ne peut ignorer? Aussi ma volonté expresse est que vous devez expliquer tout ceci bien nettement et sans détours aux ministres et leur dire précisément que, vu toutes les circonstances susdites, il m'était absolument impossible de promettre ni de donner de grands secours à l'armée d'Hanovre; que je ferais en fidèle allié de l'Angleterre ce que je pourrais, en donnant de petits secours à cette armée,210-2 quoique cela même ne saurait se faire sans m'incommoder; mais qu'il ne fallait pas prétendre à des choses moralement impossibles. Que, d'ailleurs, j'avais tout lieu d'être étonné que les ministres, voyant la nécessité absolue que l'armée ci-mentionnée fût renforcée par des secours capables de rejeter celle de France des États d'Hanovre, hésite[nt] cependant d'employer une partie de [leurs] troupes anglaises,210-3 qui, dans le moment présent, où elle210-4 n'a rien à craindre d'aucune descente, ne lui rendent aucun service et sont des hors-d'œuvres, pendant que les Français font usage de toutes leurs forces et qu'ils attaquent les alliés de l'Angleterre avec toute leur puissance et celle des plus considérables puissances de l'Europe pour écraser ceux-là.

Enfin, ma volonté expresse est que vous devez représenter tout ce que dessus fort nerveusement aux ministres, et ne saurais pas, au surplus, vous cacher que, comme je connaisse trop la haute pénétration de ces ministres et leur zèle pour la bonne cause commune, je ne puis pas m'imaginer comment ils savent envisager tout cela avec tant d'indolence. C'est aussi pourquoi je ne veux point vous cacher qu'il me paraît impossible que ce ministère pourrait se refuser à l'évidence des raisons que moi et mes ministres vous ont tant de fois suggérées, et que je commence de prendre par là des soupçons, sans faire tort à votre fidélité reconnue, que vous ne vous êtes point acquitté de vos ordres et de vos représentations avec toute la vigueur et dextérité nécessaire. Je vous en avertis, afin d'y prendre garde et de parler clairement aux ministres, quand je vous l'ordonne expressément, pour ne pas m'obliger à envoyer là quelque autre personne qui a les qualités requises pour s'exprimer avec nerf, quand les occasions le demandent nécessairement,<211> et qui, en même temps, vous éclaire si vous vous êtes expliqué dans vos représentations de la façon que je vous l'ai ordonné.

Federic.

Nach dem Concept.



209-2 Vergl. Nr. 9724.

209-3 Vergl. S. 197.

209-4 In ähnlicher Weise lässt der König, durch einen Cabinetserlass an Hellen, d. d. Breslau 29. Januar, dem Prinzen Ludwig von Braunschweig antworten, der den Wunsch geäussert hatte, der König möge die hannoversche Armee durch ein beträchtliches Corps preussischer Truppen verstärken. (Vergl. auch S. 197.) Auf die Meldung Hellen's, das Volk in Holland werde, sobald die Franzosen über die Weser gedrängt wären, die Regenten zwingen, sich gegen Frankreich zu erklären, entgegnet der König, die Verbündeten würden alsdann um diese Erklärung nicht mehr in Verlegenheit sein.

210-1 Vergl. S. 207.

210-2 Vergl. S. 202. 204.

210-3 Vergl. Nr. 9736.

210-4 L'Angleterre.