9754. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.224-3

Breslau, 5 février 1758.

Mon très cher Frère. La lettre que vous m'avez faite du 31 janvier, m'a été fidèlement rendue. Je vous adresse ci-clos celle que vous m'avez<225> demandée au prince régnant de Zerbst, par laquelle je lui marque, en conséquence de la copie que j'en fais joindre,225-1 les raisons pourquoi je ne saurais absolument pas permettre un plus long séjour de de Fraigne à Zerbst. Si cette lettre ne sortira pas son effet, il faut qu'alors vous détachiez quelques troupes assez fortes à Zerbst, qui, sous le prétexte de vouloir passer par la ville à d'autres lieux, se mettront225-2 en position pour enlever de haute lutte le susdit de Fraigne, où un officier de ces troupes déclarera encore au prince régnant de Zerbst qu'il m'était impossible de souffrir là plus longtemps un espion déclaré des Français, tel que ce de Fraigne, dont je savais, à n'en pas pouvoir absolument douter, qu'il n'y avait séjourné que pour trahir aux Français tout ce qui se passait dans nos garnisons et parmi nos troupes dans ces environslà. Et qu'ainsi j'avais tout lieu d'espérer du Prince que, vu son amitié pour moi et les attentions marquées que j'avais toujours observées pour lui, il ne voudrait plus donner sa protection à un homme tel que de Fraigne, qui m'était pernicieux à tous égards, afin d'éviter par là les extrémités qui, sans cela, en résulteraient, sans qu'il y ait de ma faute.

Dans le cas que, contre toute mon attente, ces représentations amiables n'opèreront rien sur l'esprit de ce Prince, alors il ne restera rien que de s'emparer par force de ce de Fraigne, quand même il aurait pris sa retraite au château. Ce serait autre chose encore, si le Prince le faisait partir d'abord; mais absolument faut-il que cet homme n'ait plus d'asile là, et qu'il en parte, quoique je croie que le meilleur sera toujours de s'assurer de sa personne. Je suis avec toute l'estime possible, mon très cher frère, votre bon et très affectionné frère

Je vous demande pardon, si je ne vous écris pas moi-même. Je me suis fait saigner aujourd'hui. On m'a dit que vous ne vous portiez pas bien; je vous prie, mon cher frère, de prendre le plus grand soin de votre santé et de vous ménager, autant que cela se peut faire.

Le prince Ferdinand paraît souhaiter que, vers le 15,225-3 vous fissiez mine de marcher droit à Hildesheim; mais, comme la distribution des troupes françaises m'est inconnue, je me repose absolument sur votre conduite et sur votre prudence. Il est sûr que, si l'expédition du prince Ferdinand réussit, que cela me mettra fort à l'aise pour la campagne prochaine, ainsi qu'il faut lui faciliter sa besogne autant que cela se pourra. Si vous avez encore un bataillon de Kahlden de reste, il dépendra de vous de vous en servir où vous le jugerez à propos. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.

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224-3 In einem zweiten Schreiben an den Prinzen Heinrich vom 5. Februar befiehlt der König, den Halberstädtern jede Lieferung an die Franzosen zu untersagen (vergl. S. 191); der Prinz solle nochmals an den französischen Oberfeldherrn schreiben mit der Drohung, man werde die gefangenen französischen Officiere, wenn sie weiterhin so wie in Halberstadt auftreten würden, nicht mehr als Officiere, sondern als Plünderer und Mordbrenner behandeln.

225-1 D. d. Berlin, 31. Januar. Vergl. S. 206. Anm. 4.

225-2 Vorlage: mettra.

225-3 Vergl. S. 205.