9855. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.320-2

Grüssau, 21 mars 1758.

Mon cher Frère. Vous avez fait fort bien de vous retirer vers la Saxe, puisqu'il ne s'agit pas d'aller au Rhin, mais de défendre l'électorat qui certainement serait exposé, si vous ne rejoignez le corps du maréchal Keith. Prince Ferdinand, en faisant agir ses galeux de la façon que vous le dites, ne pourra pas manquer d'expulser de l'Allemagne ce débris de l'armée française qui s'y trouve encore. D'ailleurs, votre petite troupe aurait pu tomber dans de grands inconvénients en marchant vers Minden, dans des montagnes où une poignée de monde peut arrêter une armée, et où vous auriez eu de la peine à pouvoir cantonner.

Il faut que vous dirigiez Œlsnitz pour les campements.320-3 Ses idées ne sont pas assez mûres, pour que vous [vous] fiiez à lui, mais dès que Schweidnitz sera pris, je vous enverrai un ingénieur. Cependant, prenez vos camps vous-même, c'est la meilleure méthode et la plus sûre.

Pour vos aides de camp,320-4 il dépendra de vous de les prendre où vous voudrez; je vous avoue naturellement que, si je vous envoyais des miens, ce ne seraient pas les meilleurs. J'ai encore ici un petit Anhalt, un petit dindon qui est fort à votre service, mais dont vous ne tirerez aucun parti; j'en ai d'autres que je ne connais pas moi-même, ainsi en bon frère je vous conseille de vous en choisir vous-même.

A propos, vous avez un escadron de Seydlitz là-bas, que je vous prie de me renvoyer, pour que le régiment soit ensemble. Je vous en<321>verrai Kleist et le second bataillon de Székely dans la place, avec de la cavalerie pesante.

Je vous recommande les Cercles et toutes les canailles que l'on enverra contre vous; j'espère que, vers le commencement de mai, vous pourrez avoir une bonne affaire d'arrière-garde.

NB. N'oubliez pas de vous bien informer de tous les endroits où l'ennemi a des magasins. Peut-être pourrait-on lui déranger toute la campagne en les lui enlevant à temps. Tout cela ne sont que des idées dont vous ne ferez que l'usage que vous trouverez à propos.

J'ai eu hier et la nuit une affreuse colique; cela se passe à présent. Nous sommes ici comme en Laponie: des barrières de glace nous séparent des ennemis, et tant qu'elles ne se fondront point, nous serons aussi tranquilles ici qu'à Breslau.

Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur, vous priant de me croire avec une parfaite tendresse et estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



320-2 Nach dem Bericht vom 18. März befand sich der Prinz in Flachstöckheim (vergl. S. 306. Anm. 2), der folgende Bericht vom 25. ist aus Leipzig datirt, die Berichte vom 30. und 31. aus Dresden.

320-3 Vergl. S. 297.

320-4 Vergl. S. 318.