<129> réussir, mais je ferai tout ce qui dépendra de moi et ce que me permet la prudence et la sûreté de l'État, car je suis dans une situation où il ne faut rien donner au hasard. Vous me comprenez.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.


10161. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Opotschno, 21 juillet 1758.

Après que j'avais fait expédier hier le courrier que Votre Altesse m'avait envoyé, je viens de recevoir la lettre que vous m'avez écrite du 6 de ce mois. Je suis ravi de tous les heureux succès de vos opérations et vous prie d'être assuré que c'est avec une satisfaction infinie que j'y prends part; aussi je vous en félicite de tout mon cœur. La prise de Düsseldorf, qui apparemment sera suivie bientôt de celle de Wesel, vous met à même de vous tourner à présent de quel côté vous voudrez.

Mais autant que je juge par mes dernières lettres de Londres, le ministère anglais paraît avoir envie de faire entrer les troupes sous vos ordres dans les Pays-Bas, où la plupart des villes, hormis Ostende et Nieuport, sont dégarnies de garnisons, auxquelles l'armée française aura de la peine à suppléer, vu que vous l'avez, pour ainsi dire, coupée à présent de la France, de sorte qu'elle n'y peut parvenir que par un détour assez considérable, expédition que les ministres anglais voudraient favoriser par quelque descente sur les côtes de la Flandre.

Quant à ma situation, je me réfère à ma lettre d'hier.1

Vous pourrez juger facilement de la douleur que me cause la mort de mon frère.2 Vous connaissez trop ma façon de penser, pour en douter.

J'ai ici cinq armées contre moi, et cela de tous les côtés, que je vous prie de vous souvenir de ma position d'Erfurt,3 pour vous rappeler la mienne; cependant, j'espère vous donner dans peu, malgré tout cela, de bonnes nouvelles, mais nos manœuvres sont difficiles, et autant qu'il se peut, je ne voudrais jouer qu'à jeu sûr. Adieu, mon cher, je vous embrasse.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.



1 Vergl. Nr. 10149.

2 Vergl. S. 74. 79.

3 Vergl. Bd. XV, 341—380.