10195. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Grüssau, 9 août 1758.

Mon cher Frère. J'ai bien reçu la lettre que vous m'avez faite du 2 de ce mois. Je suis sur le point de marcher vers le lieutenantgénéral Dohna. Dans les circonstances critiques où celui-ci se trouve, il m'est impossible de retirer d'abord les escadrons de cavalerie que vous lui avez détachés,154-2 mais, dès que je m'approcherai plus près à<155> Dohna, je donnerai mes ordres à cette cavalerie de retourner d'abord vers vous sur Torgau, de sorte que j'espère qu'elle vous arrivera de retour encore plus tôt que vous n'aurez à faire avec l'ennemi. Cette cavalerie aura cet ordre de moi le 19 à peu près pour se mettre en marche le 20; à moins qu'il n'y aura de nouveaux évènements, elle dirigera sa marche sur Torgau. Mais, comme vous savez vous-même combien notre cavalerie est quelquefois lourde,155-1 je crois que vous ferez bien d'envoyer à sa rencontre quelques hussards ou quelque infanterie, pour la prendre aux environs de Torgau et pour l'amener à vous.

Le malheur arrivé au lieutenant-général Itzenplitz155-2 m'a bien affligé et mis en peine. Vous savez combien les bons généraux sont rares, et que je n'en ai pas en abondance. Pour vous mettre au fait de ma situation sur cet article, vous saurez que je ne saurais ôter le général Treskow de Neisse, à cause de l'ennemi qui a envahi la Haute-Silésie; que Fouqué m'est indispensablement nécessaire pour les détachements, et que je ne sais me passer de Retzow, à cause des magasins.155-3 Quand j'excepte ceux-ci, vous considérerez ce qui m'en reste d'autres. A présent, il faut que je marche et qu'auprès du détachement que je prends avec moi, je joins tout ce que j'en puis pour le coup décisif que je pense d'entreprendre. Le général-major Saldern est mort,155-4 Puttkammer pris prisonnier de guerre, ainsi qu'il me manque effectivement un généralmajor du nombre requis auprès de mon armée. Nonobstant cela, je vous enverrai, dès que l'affaire avec les Russes sera passée, le prince François de Brunswick, qui certainement est bon général, sujet capable, qui a beaucoup d'ambition et d'envie pour se pousser, et duquel vous pourrez vous servir avec succès pour des détachements et pour conduire une aile de l'armée, dont il s'acquittera très bien.

J'ai été bien aise et réjoui du beau coup qui vous a réussi sur les Autrichiens;155-5 je suis persuadé qu'ils tâcheront de vous faire toutes les peines possibles, mais aussi je ne doute pas que vous vous en tirerez avec gloire et honneur.

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Vous conviendrez, je crois, de tout ce que je vous écris. Mandezmoi, je vous prie, quelquefois comment se porte ma sœur de Baireuth.

Federic.

Nach dem Concept. Der Zusatz eigenbändig auf der im übrigen chifirirten Ausfertigung.



154-2 Vergl. S. 123. Anm 4.

155-1 Vergl. Bd. XVI, 305.

155-2 Prinz Heinrich hatte, Zschopau 2. August, gemeldet: „Le général Itzenplitz (vergl. Bd. XVI, 305), auquel j'ai donné jusqu'ici les détachements les plus importants, a pris, comme j'en reçois la nouvelle, une espèce d'attaque d'apoplexie, qui lui permet, à la vérité, de sortir, mais qui lui ôte entièrement les facultés de l'esprit.“ Gleichzeitig hatte Prinz Heinrich um einen Generallieutenant und einen Generalmajor gebeten.

155-3 Vergl. Bd. XVI, 344.

155-4 Der Generalmajor Wilhelm von Saldern (vergl. XVI, 424) war am 25. Juli bei Königgrätz gefallen. Vergl. unten S. 168.

155-5 Um die Oesterreicher in der Besorgniss zu bestärken, als wolle Prinz Heinrich in Böhmen eindringen, hatte General Mayr die österreichischen Verschanzungen bei Bassberg (d. i. Sebastiansberg) angegriffen und vier derselben erobert. Ferner waren der österreichische General von Mittrowsky, ein Major, ein Capitän und einige Husaren in der Nähe von Dippoldiswalde durch den Major Roëll von den Székely-Husaren zu Gefangenen gemacht worden.