10273. AU MINISTRE D'ÉTAT ET DE CABINET COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Trebatsch, 4 septembre 1758.

J'ai bien reçu vos deux rapports du 1er et du 2 de septembre, et il faut que je vous dise par la présente que, mes ministres en Angleterre m'ayant adressé en date du 4 d'août la dépêche dont vous trouverez ci-close la copie, mon intention est que vous leur donniez en réponse : que comme je n'étais point accoutumé d'être esclave de mes alliés, ils n'avaient qu'à déclarer de ma part au ministère britannique que j'avais fait pour mes alliés tout ce qui avait été en mon pouvoir, autant que les circonstances avaient voulu le permettre; que c'était en<209> conséquence que j'avais envoyé à l'armée d'Hanovre un corps de ma cavalerie sous les ordres du duc de Holstein-Gottorp, pour aider à purger l'Allemagne des armées de la France, et qu'en cela je n'avais consulté que le bien de la cause commune, pendant que l'état de mes affaires vis-à-vis de mes ennemis ne s'y opposait pas absolument; mais que présentement où mes États se trouvaient presque tout-à-fait inondés par mesdits ennemis, la crise où je me voyais réduit exigeait de moi que je rappelasse mon susdit corps de cavalerie209-1 que j'avais fourni de si bonne grâce, et que j'étais toujours prêt à renvoyer à l'armée des alliés en Allemagne, dès que le danger éminent dont je me voyais menacé, me permettrait de le faire, sans risquer ma ruine. Que le subside que l'Angleterre m'avait accordé,209-2 ne devait point l'inférer, et qu'en tout cas je m'en passerais plutôt que de voir mes États à la merci de mes ennemis, faute de la protection que je leur devais naturellement.

Vous enjoindrez en même temps à mes ministres à Londres d'accompagner la susdite déclaration de réflexions sages et judicieuses, propres à faire convenir M. Pitt de la nécessité du rappel de ma cavalerie, vu les grands et prodigieux efforts que faisaient mes ennemis de tous côtés contre moi, et qui exigeaient que je misse en œuvre tout ce que j'avais de forces, pour me garantir de leurs mauvais desseins qui ne butaient pas à moins qu'à ma perte.209-3

Federic.

Nach der Ausfertigung.



209-1 Vergl. S. 205.

209-2 Vergl. S. 177.

209-3 In einem Schreiben an Finckenstein, Lübben 5. September, dankt der König für die ihm eingesandten Nachrichten und fügt hinzu: „Il se confirme de plus en plus que les troupes russes sont sur leur retraite tirant vers la Vistule.“