10574. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

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Knyphausen und Michell berichten, London 14. November: „Nous croyons devoir rendre compte à Votre Majesté d'un entretien assez intéressant que le lord Bristol, nouvel ambassadeur d'Angleterre en Espagne, marque à sa cour avoir eu depuis peu avec le sieur Wall,405-2 et dans lequel ce dernier ne lui a non seulement avoué ingénument que l'espèce de refroidissement qui avait paru subsister pendant quelque temps entre l'Angleterre et l'Espagne, avait été occasionné par les artifices que le marquis d'Abreu405-3 avait employés pour aigrir l'esprit de la feu Reine;405-4 qu'il espérait que l'envoi du marquis de Fuentes à Londres achèverait de rétablir la bonne harmonie entre les deux cours, et que lui, en son particulier, y contribuerait de son mieux; à quoi ce secrétaire d'État a ajouté encore qu'il voudrait qu'un pareil concert pût servir à pacifier les troubles de l'Europe et à amener une paix solide; qu'il serait charmé surtout que l'allié de l'Angleterre, ce grand héros qui avait tant de droits sur l'admiration du public, pût sortir de la guerre présente d'une manière conforme à sa gloire; que le Roi son maître405-5 serait flatté de pouvoir influer sur un ouvrage aussi salutaire que l'était celui du rétablissement de la paix, et qu'aussitôt que la santé de

Dresde, 28 novembre 1758.

Le rapport que vous m'avez fait du 14 de ce mois, m'est heureusement parvenu, et je vous sais bien du gré du compte que vous m'avez rendu par rapport à l'entretien intéressant que le lord Bristol a eu depuis peu avec le sieur Wall Ce qu'il y a relativement à une interposition du roi d'Espagne pour le rétablissement de la paix, est assez bon et mérite de l'attention; mais un moyen fort convenable et presque sûr serait encore si l'on saurait insinuer habilement au roi de Pologne à Varsovie que, vu le mauvais état de ses affaires et pour sauver ses États de Saxe d'une ruine presque inévitable, si le théâtre de guerre y resterait plus longtemps, il ne lui reste guère d'autre moyen que de s'employer à la cour de France, afin que celle-ci donnât les mains à un prompt rétablissement de la paix et fît des ouvertures de ses intentions.

 

ce Prince serait remise, lui, Wall, serait peut-être chargé de faire des ouvertures plus particulières à ce sujet au lord Bristol.“

Au surplus, je veux bien vous dire à vous seul que, comme je n'ai présentement nulle connexion ni correspondance en France406-1 par laquelle je saurais être instruit de ce qui s'y passe à la cour et avec les ministres, et que je crois que vous avez gardé encore des connaissances dans ce pays-là,406-2 je souhaiterais fort que vous me fassiez de temps en temps quelque tableau du présent ministère et des gens qui influent le plus dans les affaires, de leur caractère, de leurs idées et de leur façon de penser, surtout sur les affaires présentes, et ce que l'on saurait s'en promettre. Outre que vous avez encore bien des connaissances personnelles du temps que vous avez été en France, je crois que vous trouverez encore des connexions pour en tirer de bons avis, afin de pouvoir me donner de bonnesinformations sur ce que je désire de savoir, et sur ce qui se passe actuellement à la cour de France. Vous me rendrez un service particulier, quand vous tâcherez de me satisfaire là-dessus et au mieux possible.

Federic.

Nach dem Concept.



405-2 Der spanische Staatssecretär des Auswärtigen; bis 1754 Gesandter in London, vergl. Bd. X, 522.

405-3 Der bisherige spanische Gesandte in London. Vergl. Bd. XI, 458; XIV, 531.

405-4 Die Königin von Spanien. Maria Magdalena Josepha. war am 27. August 1758 gestorben.

405-5 Ferdinand VI.

406-1 Vergl. S. 397.

406-2 Vergl. Bd. XIII, 582.