10719. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Breslau, 12 février 1759.

Les dépêches que vous m'avez faites du 26 et du 30 janvier, m'ont été bien rendues, par lesquelles j'ai vu avec toute la satisfaction imaginable la bonne grâce avec laquelle le roi de la Grande-Bretagne vient de remplir mon attente en accordant si généreusement au Lord Maréchal sa grâce.70-2 Sensiblement touché que j'en suis et surtout des termes dont Sa Majesté s'est usée, quand elle vous l'a annoncée, vous ne manquerez pas de faire un compliment de remercîment en mon nom, dans les termes les plus obligeants et les plus onctueux que vous saurez imaginer, au Roi même ou à celui des ministres à qui il convient selon l'étiquette établie là-bas, pour marquer la vive reconnaissance que j'en ai.

Quant à ce que Sa Majesté Britannique m'a fait marquer par vous touchant le dessein des Français sur la Saxe et la Hesse, vous ajouterez que, comme j'étais ici plus à portée pour en être informé et que, ce dessein étant parvenu à ma connaissance, j'avais déjà prévenu les inten<71>tions du Roi relativement au concert à prendre entre mon frère Henri et le prince Ferdinand,71-1 afin de pouvoir agir conjointement en cas de besoin; que j'étais charmé que Sa Majesté avait bien voulu seconder en cela de son propre mouvement mes vues, et que je me flattais que, selon le concert pris entre moi et lesdits princes, nous ferons échouer ces entreprises de l'ennemi, en attendant que nous tenterons de déloger et de rejeter au moins ce qu'il y a des troupes ennemies entre la Hesse et la Saxe; qu'au surplus, mon plus grand embarras était actuellement les Russes et les Suédois, dont les corps des troupes se trouvaient à mes flancs, de sorte qu'à peine je saurais me remuer, sans avoir à attendre qu'ils entrent d'abord de nouveau dans mes États, circonstance qui m'arrête en bien des choses, et sans laquelle mes opérations prendraient une toute autre tournure.

Vous n'oublierez pas, au reste, de faire des compliments de félicitation aux ministres au sujet des nouveaux avantages qu'ils viennent de remporter sur l'ennemi commun par la prise de l'île de Gorée,71-2 dont je me suis bien réjoui.

Federic.

Nach dem Concept.



70-2 Vergl. S. 12. Vergl. auch das Schreiben des Königs an Lord Marschall vom 11. Februar in den Œuvres Bd. 20, S. 278.

71-1 Vergl. S. 43. 51. 59.

71-2 Die Insel und das Fort Gorée, der letzte Stützpunkt der Franzosen in Senegambien, war von den Engländern am 29. December 1758 eingenommen worden. [Schäfer a. a. O. II, I, S. 188 giebt 30. December an; dagegen Bericht Knyphausen's vom 30. Januar und Gen.-histor. Nachrichten, Bd. X, S. 454: 29. December.]