11627. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Wilsdruff, 25 novembre 1759.

Vous vous représenterez toute l'étendue de mon chagrin de devoir vous mander le grand malheur qui m'est arrivé avec le général Finck, que j'avais détaché avec 16 bataillons et 36 escadrons pour observer l'ennemi du côté de Dippoldiswalde et empêcher au possible sa communication avec Freiberg et ces environs, pour n'en pouvoir tirer de subsistances. Finck ayant pris poste à Maxen, l'ennemi lui a détaché toute l'armée de l'Empire avec un gros corps de troupes autrichiennes, qui, ayant pris le corps de Finck en flanc et par derrière, l'ont obligé de se rendre prisonnier de guerre avec tout son corps. Je suis au désespoir de ce désastre, d'autant plus qu'il n'y a pas d'exemple qu'un corps entier de troupes prussiennes ait mis bas les armes devant l'ennemi.

Je ne sais point encore les circonstances de ce désastre, mais ce qui augmente mon chagrin, c'est que ma situation ici est devenue par là très critique; car quoique je me flatte encore que l'ennemi, faute de subsistance, sera obligé de marcher en Bohême, cependant, s'il prenait le parti de me tourner ici, je ne saurais que me retirer sur Meissen, ce qui me mettrait dans un grand embarras par rapport à mes quartiers d'hiver et autres arrangements. En attendant, vous m'obligerez infiniment de ne faire semblant de rien sur cette dernière circonstance envers qui que ce soit, et de pallier au possible le reste. C'est à vous, comme à mon ami de cœur,665-2 que j'ai voulu me confier.

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P. S.

S'il vous était possible de faire un détachement des troupes sous vos ordres de 3 à 4000 hommes vers Zwickau, plus pour faire du bruit que pour agir réellement, cela m'aiderait beaucoup et me remettrait sur pied. Je vous en prie, si cela vous est possible. Je crois que vos opérations là-bas seront finies, et que vous ne serez plus si pressé d'avoir toutes vos troupes ensemble, et, pour le siège de Münster, je crois qu'elles resteront toujours suffisantes.

Federic

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



665-2 Concept: „mon véritable ami de cœur“ .