10889. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Land.shut, 21 avril 1759.

Vos dépêches du 6 et du 10 me sont bien parvenues, et j'ai tout sujet d'être content de la réponse que les ministres anglais vous ont donnée sur le mémoire que vous leur avez présenté au sujet des affaires des cours de Naples et de Turin.182-1 Je crois aussi que mes ministres vous auront communiqué ce qui nous est revenu en dernier lieu sur ces affaires par une des dépêches du sieur de Hellen à La Haye;182-2 mais je crois avoir lieu de craindre que, dans la situation que ces choses sont parvenues présentement par la diligence que les cours de Vienne et de Versailles ont employée pour nous prévenir, nos soins deviendront, sinon tout-à-fait infructueux, au moins difficiles et fort sujets au hasard d'échouer. Au surplus, je vous fais observer encore que le premier point de l'instruction que j'ai donnée moi-même à mon émissaire pour la cour de Turin,182-3 a été de tâcher surtout et comme un préalable de lever, s'il y aura moyen, les différends entre les deux cours en question et d'y établir une confiance mutuelle sur des intérêts communs, comme la base de tout le reste de ses propositions.

Je suis fâché de vous mander que l'expédition du prince Ferdinand de Brunswick sur les troupes françaises sur le Main a raté. Comme il n'est point à douter qu'il en ait déjà fait son rapport en Angleterre, je m'y réfère et vous dirai seulement que, quoiqu'il soit fâché qu'il n'ait pas réussi tout-à-fait dans son plan, que cependant l'affaire n'a été point de conséquence; que le Prince, ayant voulu marcher sur un village nommé Bergen, pour couper à l'ennemi la communication entre Fried<183>berg et Francfort, cette marche l'a mené droit à l'ennemi, qui avait pris à Bergen une position très forte et retranchée, garnie de fortes batteries, qu'il fit attaquer par les grenadiers de l'avant-garde, et qui furent repoussés, quoiqu'il les faisait soutenir par quelques bataillons dont les efforts furent aussi vains; que le Prince, ne voyant pas moyen de forcer ce poste aussi fortement retranché, fit rester les troupes vis-à-vis de celles de l'ennemi qui de deux côtés ne firent, le reste de la journée, que de s'entrecanonner, sans sortir de leur position et sans que de deux parts l'on se céda une pouce de terrain, et que, la position de l'ennemi étant telle qu'il ne pouvait être tourné, ni être entamé autre part que par le village de Bergen, le Prince, après avoir fait enterrer ses morts et emmener les blessés, qui tous ensemble ne vont qu'à 1000 à peu près, a pris le parti de retourner au camp de Windecken, d'où il était parti le matin, sans que l'ennemi se soit remué aucunement de son poste pour le suivre. Ainsi que voilà une affaire échouée à la vérité, peut-être parceque le Prince n'avait pas assez d'artillerie pesante à sa disposition contre un poste qui en était nombreusement garni, mais qui n'importe guère et n'est d'aucune conséquence. Aussi ai-je à me flatter que, par une autre expédition que mon frère Henri va entreprendre de concert avec le prince Ferdinand, après avoir fini celle qui lui a réussi avec tout le succès désirable en Bohême, corrigera tout et nous fera du bien pour toute la campagne.183-1

Federic.

Nach dem Concept.



182-1 Vergl. S. 113.

182-2 Ministerialrescript an die Gesandten in England, d. d. Berlin 21. April, auf Grund des Berichts von Hellen, Haag 14. April; enthaltend Nachrichten über eine vorläufige Vereinbarung zwischen den Höfen von Versailles und Turin.

182-3 Vergl. S. 111. 120.

183-1 In einem Cabinetsbefehl an Knyphausen und Michell, Landshut 26. April, bezieht sich der König noch einmal auf den obigen Cabinetsbefehl und fügt hinzu, es sei zu wünschen, „que les Anglais se tranquillisassent et ne fussent point rebutés du petit échec que le prince Ferdinand vient d'essuyer contre les Français, d'autant plus qu'il n'est pas de conséquence et qu'il ne mérite pas même proprement d'être qualifié d'échec, ayant été une affaire bien méditée et entreprise en conséquence, mais un coup manqué“ . Mitchell berichtet, Landshut 29. April, an Holdernesse, der König habe „in very strong terms“ seine Billigung der Haltung des Prinzen Ferdinand bei Bergen ausgesprochen.