11361. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

[Fürstenwalde, 23 août 1759.]496-2

Si j'étais un magicien, on aurait raison d'avoir une grande confiance en moi; mais je ne le suis pas, et, de plus, jamais je ne me suis trouvé dans une situation aussi affreuse que celle où je suis. J'ai voulu attaquer les Russes auprès de Francfort, avant leur jonction avec les Autrichiens; mais ils sont dans des collines entourées de marais, aux environs de Lossau,496-3 où avec des troupes découragées je ne leur saurais rien faire.

Daun doit être aujourd'hui aux environs de Guben, mon frère le suit et n'est qu'à une mille de distance de lui. Nous tâcherons de nous joindre, de même que les autres. Si j'ai assez de fortune pour amener cette jonction à temps, alors nous pourrons nous battre avec quelque espoir de succès contre toutes les forces réunies de nos ennemis; mais il y a bien des si, avant que nous ayons arrangé tout cela. Cette bataille décidera de notre fortune, de la campagne et peut-être de la paix.

Le 26, il part un gros détachement qui probablement vous délivrera des Cercles, avec l'aide du prince Ferdinand.496-4 Vous ne ferez pas mal de l'aiguillonner pour hâter ses secours. Les Hanovriens traitent nos infortunes de bagatelles, mais le malheur d'autrui n'est qu'un songe. Toute notre fortune est actuellement entre les mains du hasard, la prudence n'y peut presque plus rien. Tout dépend de la jonction de mon frère et des circonstances qui la favoriseront.<497> Dès qu'il y aura quelque chose d'un peu intéressant, vous en serez averti.

Federic.

Das Hauptschreiben nach dem eigenhändigen Concept. Der Zusatz ( „Dès qu'il y aura etc.“ ) eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.



496-2 Das Datum von Cöper zugesetzt.

496-3 Lossow, südl. von Frankfurt, links der Oder.

496-4 Vergl. S. 484. 493.