11530. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Sophienthal, 11 octobre 1759.

J'ai bien reçu tout à l'heure votre lettre du 8 de ce mois. Daun se moque de nous : il n'a pas envie ni ordre de combattre, il n'a point une supériorité assez marquée, et que ce n'est pas son intention, c'est qu'il détache Hadik et les troupes de l'Empire. Il veut prendre Leipzig; c'est ce que vous ne devez pas souffrir, car les conséquences en seront que le Magdeburg en sera ravagé de nouveau.589-3

Il vous faut nécessairement un pont sur l'Elbe, alors vous aurez des fourrages589-4 en abondance du côté de Mühlberg. Il serait encore nécessaire que vous ayez, outre tout ceci, un œil sur la Lusace. Il y a des postes de hussards autrichiens qui rôdent aux environs de Luckau; si vous ne les en faites chasser, notre correspondance sera de nouveau interrompue.

Votre lettre me jette dans de grandes inquiétudes pour Leipzig. Si vous n'avez qu'un fossé qui vous sépare de Daun, si Daun détache une partie de son armée à Leipzig, profitez de ce moment de sa faiblesse et attaquez-le, si vous en trouvez l'occasion. Il ne faut jamais souffrir que l'ennemi exécute toutes ses volontés, en lui laissant prendre tous ses avantages : il n'est plus temps en suite d'y remédier.

Les Français veulent la paix à toute force, et les Anglais commencent à s'y entendre; il est donc question plus que jamais de nous soutenir et de gagner notre situation de l'année passée.

Federic.

Nach der Ausfertigung.

<590>

589-3 Vergl. S. 440. Anm. 2 und S. 479. Anm. 3.

589-4 Vergl. Nr. 11527.