11545. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Prinz Heinrich berichtet, Strehla 16. October, der General Rebentisch sei nach Eilenburg detachirt worden, „afin de veiller zur Leipzig“ ; General Wunsch sei zu seiner Unterstützung entsandt worden, doch hätten beide Generale bei der Uebermacht des Feindes für nöthig befunden, sich auf Torgau zurückzuziehen: „J'ai détaché cette nuit le général Finck. Mais comme l'ennemi est à mon dos et que les chemins me sont coupés par là sur Torgau et que mon camp devient excessivement faible, j'ai résolu de marcher ce soir à cinq heures. Je crois que le dessein de l'ennemi est de marcher sur Leipzig. S'il est possible, je l'empêcherai; mais j'en doute. Je ne puis pas faire tête de deux côtés à la fois. Je ne puis trouver des postes pour de petits corps qui ne puissent être tournés, pas même pour l'armée. Ici j'occupe l'unique, mais il est excessivement étendu, d'ailleurs par la position de l'ennemi plus tenable. Il faudrait trouver le moyen d'attaquer l'ennemi. L'armée de Daun est sur des hauteurs bordées par des défilés. Il faudrait déboucher sous le feu du canon. Les détachements ont marché par les forêts de Torgau. La montagne, les hauteurs et îes défilés sont tous à leur avantage. Je n'ai pas le temps de vous dire ce que j'ai voulu tenter, et pourquoi je ne l'ai pas fait; mais la vérité m'oblige à vous dire franchement que, quoique je ferai tout ce qu'humainement il me sera possible, que je doute, à moins d'un évènement imprévu, que je puisse maintenir la Saxe. L'ennemi est trop supérieur, la situation du terrain entre Torgau et Leipzig trop désavantageuse et les places qu'il faut soutenir, d'elles-mêmes, de sorte qu'il faut des corps pour les couvrir, qui ne se trouvent pas. C'est une triste vérité, mais elle est exactement réelle comme je la représente. Si l'ennemi profite de ses avan<601>tages, je ne me maintiendrai pas, quoi que je fasse. Il n'y a donc que l'espérance qu'il n'en profitera pas plus, et que quelque évènement imprévu change la situation des affaires.“ 601-1

Sophienthal, 20 octobre 1759.

J'ai reçu votre lettre du 16 de ce mois, et je ne sais ce qui peut vous embarrasser tout d'un coup, ayant la plus belle de mes armées. Le terrain entre Leipzig et Torgau est plain, et c'est là que vous pouvez attaquer l'ennemi. Si vous ne voulez jamais hasarder quelque chose, il est impossible de rien faire. J'ai ici 30000 hommes, j'en ai 50 000 passé contre moi. Je m'étonne beaucoup que le général Rebentisch se soit enfui ainsi, ce qui n'est pas bien fait. Daun a 40 bataillons, Hadik 16, voilà 56; vous avez 49 bataillons, sans les bataillons francs : il me semble qu'avec une armée de cette espèce on ne doit pas être embarrassé; mais il faut prendre des partis vigoureux, pu bien il est impossible de réussir jamais. Quand on pousse la circonspection trop loin, cela devient timidité, et cela peut donner lieu au plus grand malheur. Vous avez 74 escadrons de cavalerie et tant de hussards. Pour moi, je n'ai que 35 escadrons de cavalerie et à peu près 20 escadrons de hussards, et je suis obligé de tenir tête à 10 régiments de cavalerie autrichienne, sans compter la cavalerie légère et cette cohue de gens de cheval des ennemis.

Remettez-vous donc l'esprit, pour l'amour de Dieu, et soyez bien en garde que, dans une occasion comme celle-ci, la tête ne vous manque point!

Federic.

P. S.

Ce que vous auriez pu faire de mieux dans les circonstances où vous vous trouvez, aurait été de laisser 10000 hommes près de Torgau en les postant derrière les marais, et de marcher avec le reste de l'armée sur Eilenburg. Ce que je pourrais vous envoyer d'ici, vous arriverait toujours trop tard.601-2

Nach dem Concept.

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601-1 Eichel schreibt an Finckenstein, Torgau 19. October, über den obigen Bericht des Prinzen: “Soli et dans le dernier secret, worum ich höchstens bitte. Le Prince est . . . assez embarrassé de sa situation, et il vient d'écrire tout naturellement au Roi qu'il croit que le dessein de l'ennemi est sur Leipzig.“ Eichel führt im weiteren den Inhalt des obigen Berichtes an und fügt die Worte hinzu: „Quoique je croie écrite cette lettre du Prince dans un moment de chagrin, et où il fut très fatigué des veilles de plusieurs nuits, de sorte que, s'il avait dépendu de moi, il aurait suspendu son départ, il est néanmoins toujours vrai qu'il coûtera des peines et des soucis au Prince, et qu'il lui faut du bonheur pour tout soutenir jusqu'à ce que le Roi arrivera,“

601-2 Eichel berichtet, Torgau 23. October, dem Minister Finckenstein über die zwei Schreiben des Königs an den Prinzen Heinrich vom 19. und vom 20. October; er schreibt dazu: Sa Majesté „me paraît n'avoir pas une idée juste de la situation présente des affaires en Saxe qui est sûrement critique. Il faut que tout le monde rende la justice au Prince qu'on ne saurait agir mieux et avec plus d'application qu'il ne fait, sans se ménager aucunement, mais sa situation est très pénible. Quant à mon petit individu, j'en espère toujours bien. Dans ce moment, nous venons d'apprendre que l'armée soi-disante de l'Empire doit avoir passé l'Elbe à Dresde et marché hier à Grossenhain. L'on dit même qu'elle avait continué sa marche en avant, et que Daun les avait fortifiés de quelques régiments. Si cette nouvelle se confirme, voilà un nouveau surcroît d'embarras et d'appréhension même pour les frontières du Brandebourg. Plût à Dieu que les choses fussent bientôt portées à une bonne paix, et que messieurs les Anglais ne fussent trop fiers de leurs avantages de cette année-ci et réfléchissent combien le chapitre des incidents est terrible et dangereux. Aussi, si malheureusement le Roi est obligé d'abandonner la Saxe, messieurs les Anglais en ressentiront sûrement tous les contre-coups.“