<205> anglais avec combien de bonne foi et avec quelle ouverture cordiale et sincère j'agis envers eux, en ne pas leur communiquant seulement les lettres originales, mais en envoyant encore mon homme secret pour s'expliquer eux-mêmes de tout avec lui. Vous tâcherez, au reste, de ravoir les lettres originales que je leur communique.

Federic.

Paris, 15 mars 1760.

Paris, 19 mars 1760, après-midi.

Sire. La bonne opinion que Votre Majesté veut bien avoir de la droiture de mes sentiments, me dédommage de l'embarras où je me suis trouvé en recevant les ordres de Votre Majesté par Sa lettre du 17 février dernier,1 qui m'a été très secrètement et très fidèlement remise le 10 de ce mois.

J'en ai fait, Sire, l'usage que Votre Majesté me prescrivait. Le Roi Très-Chrétien l'a lue en entier, il y a vu avec plaisir les dispositions de Votre Majesté pour la cessation des hostilités et le rétablissement de la tranquillité et du bonheur de l'Europe. Le Roi Très-Chrétien m'a assuré que ces dispositions étaient très analogues à ses sentiments de paix; que Votre Majesté connaissait depuis longtemps combien son inclination le portait à la justice et à la tranquillité, et qu'ainsi je pouvais mander en réponse à Votre Majesté qu'il ne dépendrait pas de lui que les malheurs ne cessassent et que la paix ne fût rétablie.

Le ministre des affaires étrangères que j'ai vu, a ajouté à ce que Sa Majesté Très-Chrétienne m'avait fait l'honneur de me dire, que le Roi son maître pensait que le moyen le plus certain pour faire la paix générale, était de traiter et de conclure séparément la paix de la France avec l'Angleterre; qu'il n'était pas possible que Votre Majesté ne comprît que cette voie était la plus sûre, comme la plus courte; qu enfin le Roi son maître pouvait, sans manquer à ses alliés, ou recevoir les propositions de l'Angleterre ou lui en faire. Ce ministre en est resté là, et, en s'interrompant lui-même, il m'a dit : „Si le roi de Prusse, comme il vous le paraît, désire la paix et qu'il n'ait pas l'intention de communiquer la réponse à sa lettre aux différentes cours de l'Europe, il peut prendre la voie d'Angleterre, pour parvenir au but qu'il se propose, et nous lui ferons connaître la bonne opinion qu'il doit avoir de notre probité et de notre franchise; car, à la première apparence de réussite de paix avec l'Angleterre, autant sommes-nous mesurés à présent, autant nous avancerons-nous, pour conclure un ouvrage si salutaire.“

Telles sont les réponses que J'ai eues à la communication de la lettre de Votre Majesté; je dois Lui dire que J'ai été très bien reçu et que Je suis resté à portée de recevoir de nouveaux ordres de Sa part, si Elle le juge à propos.

En mon particulier, renfermé dans les bornes que prescrivent à mon caractère les devoirs d'une exacte neutralité, connaissant d'ailleurs l'impuissance et le néant de mes moyens, je conserve au fond du cœur le désir le plus sincère de faire ma cour a Votre Majesté et de Lui témoigner, autant qu'il est possible à un faible mortel, le très parfait attachement et le très profond respect etc.

De M. le ministre de Choiseul, par M. de Froullay.2

1.

Si Sa Majesté Prussienne souhaite que l'ouverture de la campagne prochaine ne se fasse point, il faut qu'il y ait des préliminaires convenus ou à peu près convenus avec l'Angleterre avant le mois de juin.



1 Nr. 11845.

2 In dem an Finckenstein am 30. Marz (vergl. Nr. 11958) gesandten Auszug führt der König das folgende mit den Worten ein; „II [le ministre des affaires étrangères] s'est expliqué encore par manière de conversation envers le Bailli que, si je souhaitais que l'ouverture“ etc.