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Je1 vous envoie ci-joint des nouvelles de Russie2 par lesquelles il me semble qu'il entre dans les projets des Russes autant de mesures défensives qu'offensives, et toutefois je crois qu'ils commenceront assez tard.

Je ne crains pas pour à présent la marche des troupes de l'Empire, mais je la crains au moment où nous serons occupés de tous côtés et où nous n'aurons pas des troupes à leur opposer. Ils n'avanceront que sur la fin de juin ou au commencement de juillet, lorsque je serai déjà obligé de faire d'autres détachements; alors ils pourront aller jusqu'à Magdeburg. De toutes les opérations que l'ennemi peut faire, la plus dangereuse pour moi est celle de la Lusace; c'est, par conséquent, à celle-là qu'il faut que je m'oppose nécessairement. Ils prendront le temps, pendant que je suis occupé de ce côté-là; le prince de Deux-Ponts ira à Leipzig et vers ces environs-là. Vous pouvez bien vous imaginer qu'il est impossible qu'il trouve là des troupes à lui résister. Si Hülsen quittait le camp de Meissen, pour couvrir le côté de Leipzig, le corps que les Autrichiens ont à Plauen et à Dippoldiswalde, pourra s'avancer tout de suite sur Torgau; aussi je n'ose pas remuer ce corps d'ici qui reste.

Les mêmes circonstances se rencontrent à peu près en Silésie; il est impossible que Fouqué résiste à Laudon, à Beck et au corps de Draskowich auprès de Neustadt. Aussi, en combinant toutes ces choses ensemble, à moins que toutes ces diversions n'arrivent qu'on nous promet, la machine commencera à chanceler vers la fin de juillet, et au mois d'août ou de septembre sa chute s'ensuivra.

Ce qui pourra nous soutenir encore, ce sera peut-être quelque heureuse action qui pourrait intimider nos ennemis d'un côté ou d'autre et nous donner quelque répit; mais vous sentez combien le hasard a de l'influence dans toutes ces choses-là, et que l'on ne doit compter de battre l'ennemi que lorsqu'il est battu.

Vous devez être fatigué de mes lettres, mon cher frère; mais il y a tant de choses qui changent, et toutes les idées que ces choses me font passer par la tête, je vous les rends, et je profite du temps pour vous mettre au fait de toutes mes pensées; il viendra un temps où, quand même nous le voudrions, nous ne pourrons plus nous les communiquer. Rien ne branle ici, les Cercles sont immobiles à Coburg.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



1 Dieser Absatz fehlt in dem Erlass an Finckenstein.

2 Liegen nicht bei.