<453> les Russes en Pologne et leurs mauvais procédés envers la République, à la Porte Ottomane; je me flatte aussi que vous aurez réussi auprès de cet honnête homme, digne patriote de la République.

Mais comme il importe extrêmement dans ce moment très critique pour les intérêts de la République et sa liberté, dont je prends toujours les intérêts à cœur, et que, d'ailleurs, il m'est à présent de la dernière importance que sans délai et sans aucune perte de temps quelques starostes et gens bien intentionnés pour moi — car, pour les grands de Pologne, il n'y faut pas compter ni s'amuser avec eux, par la raison que vous connaissez — portent de pareilles plaintes à la Porte Ottomane, en représentant à celle-ci dans des termes bien douloureux, directement au Grand-Vizir, l'état présent calamiteux de toute la République, et qui ne saurait qu'entraîner sa ruine entière et de la liberté de la noblesse et tous sujets de la République, par l'entrée de l'armée russe en Pologne depuis presque deux années, au grand mépris de la Porte Ottomane, qui avait fait autrefois une convention avec la Russie en conséquence de laquelle il avait été religieusement promis par celle-ci qu'elle ne ferait plus mettre pieds à aucunes de ses troupes sur le territoire de la République, et moins encore de s'y arrêter; que, nonobstant cette solennelle convention, presque la plus grande partie de l'armée russe était entrée non seulement de force dans la Pologne depuis le susdit temps, mais qu'elle y vivait entièrement à discrétion, comme si c'était dans un pays ennemi; qu'ils obligeaient la noblesse et les sujets de la République à de grandes livraisons pour la subsistance de ceux-là,1 sans penser à aucune bonification; qu'ils avaient occupé les forteresses de la République et en chassé les garnisons de celle-ci, et qu'il n'y avait ni rapine ni violence ni cruautés que ces troupes russes n'exerçassent contre les sujets et contre la noblesse de la République, partout où les Russes se trouvaient; que tous leurs privilèges et prérogatives fussent foulés aux pieds, que les patriotes de la République n'osent presque se remuer ni parler, sans être d'abord menacés que les Russes pilleraient et mettraient le feu à leurs terres ; qu'on en avait [porté] des plaintes amères tant à la cour de Russie qu'au roi de Pologne-Saxe, mais que la première s'en était moquée et qu'on prêchait à des oreilles sourdes auprès du Roi et de son ministre Brühl, vu les liaisons qu'ils avaient avec les Russes et les Autrichiens, qui agissaient en ceci de concert; qu'on avait convoqué une Diète à Varsovie, mais que cette Diète se tiendrait sous les auspices des troupes russes, qui forceraient, l'épée aux reins, tout ce qu'il y aurait encore de bons patriotes de la République à souscrire aveuglément à leurs volontés et de prendre sur eux, sans remuer, le joug d'un entier esclavage, que les Russes et la cour de Varsovie leur voulaient imposer à n'en revenir jamais, en rendant ceux-ci despotiques et la couronne de Pologne héré-



1 So.