<548> la côtoyâmes jusqu'à Hohendorf, où le Roi prit son camp. Le corps de M. Laudon occupait les hauteurs de Prausnitz1 avant notre arrivée, et M. de Beck couvrait la marche des ennemis de son poste de Wolfsberg.2

Le 10, le Roi prit le camp de Liegnitz et l'armée ennemie occupa tout le terrain qui se trouve depuis Parchwitz jusqu'à Kossendau, de sorte que le maréchal Daun avec son armée faisait le centre et occupait les hauteurs de Wahlstatt et Hochkirch, M. Laudon avec son armée remplissait le terrain entre Jeschkendorf et Coschitz,3 le général Nauendorff celui des hauteurs de Parchwitz et M. de Beck, qui faisait la gauche, s'étendait avec ses troupes au delà de Kossendau. Cette position avantageuse de l'ennemi nous défendait le passage de la Katzbach et du Schwarzwasser.

L'armée du Roi se mit en marche la nuit du 11 pour tourner l'ennemi et pour gagner Jauer; dès la pointe du jour, les colonnes se trouvèrent près du village de Hohendorf, d'où l'on découvrit un nouveau camp à Prausnitz, et l'on apprit par quelques prisonniers que c'était le corps de M. de Lacy qui venait d'arriver de Lauban. L'armée passa incontinent la Katzbach pour l'attaquer; M. de Lacy manœuvra avec tant d'habileté, il sut si bien profiter des avantages que le terrain coupé, où il se trouvait, lui donnait, qu'il se replia sur M. Daun, sans qu'on pût l'entamer. Il fila par des fonds et se posta sur les hauteurs de Hennersdorf qui couvrent Jauer, avant que l'armée du Roi, arrêtée par les défilés, pût y arriver.

Les deux armées se campèrent, celle du Roi à Seichau, celle des ennemis à Hermsdorf et Schlaup. Le lendemain, on fit des essais pour tourner l'ennemi par les montagnes, en passant par Pombsen et Jägendorf. Les chemins auraient été praticables pour l'armée, mais, le train des vivres n'y pouvant passer, à cause de leur âpreté, il fallut y renoncer.

Le 13, nous reprimes notre camp de Liegnitz et M. Daun, avec ses trois acolytes, vint occuper sa première position derrière la Katzbach. L'on apprit alors que les Russes avaient fait un pont à Auras, et que le comte Iwan4 devait passer le même jour avec 24000 hommes. L'on soupçonnait d'ailleurs que l'ennemi avait quelque dessein sur nous: des troupes qui se font longtemps la guerre, pénètrent réciproquement leurs desseins; l'on se familiarise avec la méthode des généraux ennemis, et le moindre mouvement qu'ils font, découvre leurs projets. Si nous avions attendu l'ennemi dans notre camp de Liegnitz, M. de Lacy aurait passé la Katzbach, pour se porter sur notre droite, le maréchal Daun aurait probablement entamé notre front et M. Laudon se serait mis sur notre gauche, en occupant les hauteurs de Pfaffendorf.



1 Ostsüdöstl. von Goldberg.

2 Berg, südl. von Goldberg.

3 Koischwitz, vergl. S. 542. Anm. 7.

4 Tschernischew.