<584> fin- que, voyant que je ne saurais réussir dans ce but, dans la position où j'étais près de Reichenau et de Giessmannsdorf,1 je me suis avisé de le tourner de ce côté-ci. Nous sommes descendus par Hohenfriedberg dans la plaine, nous avons gagné les hauteurs de Hohengiersberg,2 où 2 de mes bataillons, les seuls qui y fussent arrivés les premiers, furent attaqués par 8 bataillons autrichiens grenadiers, où les nôtres se sont si bien distingués qu'ils ont chassé l'ennemi, sur lequel ils ont pris 16 canons, 3 officiers et au delà de 200 prisonniers, presque à la barbe de Daun, qui voulait y accourir, mais qui trouva la besogne faite et se retira. Ainsi nous sommes heureusement sur les hauteurs entre Reussendorf3 et Seitendorf,4 en faisant notre marche le long de la plaine.

Les carabiniers des Autrichiens avec le corps de leurs grenadiers à cheval et des dragons, en tout 20 escadrons, ont attaqué notre infanterie en marche et ont donné surtout sur le régiment d'Anhalt; mais ils furent repoussés avec perte de 3 à 400 hommes et une soixantaine de prisonniers sur eux. Le général qui les commandait,5 est tué.

Voilà de petits avantages, mais rien de décisif encore; au moins notre situation vaut mieux pour les subsistances. Nous couvrons Schweidnitz, avons rouvert la communication avec Breslau et en partie avec Glogau, et l'ennemi a entièrement abandonné la plaine; mais tout cela, dans le fond, ce n'est que bagatelle.

Votre Altesse me parle de Son embarras, n'ayant que 3 bataillons contre 5 et 1 escadron contre 2 : qu'Elle juge de toute l'étendue du mien, n'ayant ici qu'un homme contre trois I J'ai 80000 Autrichiens en front et 60 000 Russes à dos, 40000 contre le général Hülsen et environ 15 à 16 000 Suédois contre le général-major Jeune-Stutterheim, outre 4 à 5000 Russiens qui font le siège de Colberg, de sorte que je ne sais souvent où donner de la tête; car, en détachant d'ici, pour accourir où il serait bien nécessaire, je m'affaiblis ici de façon que je ne saurais résister à rien et risque à être battu partout en détail. Je tenterai, cependant, jusqu'à l'impossible, pour frapper mon grand coup ici, afin de pouvoir courir alors aux autres endroits, où le plus pressant sera. Je ne suis, cependant, pas le maître des évènements, qui ne sont pas en mes mains.

Je souhaite mille bonheurs à vos entreprises; ce serait un grand coup de parti, si Votre Altesse pouvait tomber sur le corps du prince Xavier, pour le bien battre. Je suis très persuadé, par le grand zèle que je vous connais pour le bien de notre cause commune, que, dès que votre situation vous le permettra, vous n'aurez rien de plus pressé que de faire secourir mon général de Hülsen, qui se trouve actuellement bien embarrassé par le grand nombre d'ennemis qu'il a sur les bras,



1 Vergl. S. 577.

2 So, statt Hohengiersdorf (südwestl. von Schweidnitz).

3 Ostsüdöstl. von Waldenburg. (In der Vorlage: „Riesendorf“ .)

4 Nordnordöstl. von Waldenburg.

5 General Graf d'Ayasasa; derselbe war jedoch nicht, wie es oben heisst, gefallen. Vergl. S. 588.