11770. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.

Freiberg, 20 janvier 1760.

Secret. Le rapport du 12 de ce mois que je viens de recevoir de votre part, m'a donné bien de la satisfaction par les différentes particularités intéressantes qu'il comprend et les anecdotes dignes de mon attention. Elles m'ont inspiré une idée que je vais vous communiquer pour y réfléchir avec toute la prudence et la sagesse que je vous connais, mais au sujet de laquelle je vous saurais particulièrement gré, si vous sauriez la mettre habilement à l'exécution, à la première occasion que vous pourrez trouver.

Il s'agit donc, si vous ne pouvez pas vous ménager, d'une façon convenante et nullement affectée, un entretien avec le comte d'Affry, pour lui parler seul et d'une façon tout naturelle sur l'état présent des<35> affaires entre la France et moi, en donnant adroitement à vos propos le tour à peu près dans le sens de la lettre que, à ce que vous me marquez, feu M. de Saint-Séverin35-1 a écrite encore peu avant son décès, et pour tourner habilement l'entretien de la sorte, afin que le comte d'Affry s'explique envers vous sur les vraies intentions de sa cour pour rétablir la paix, sur les conditions auxquelles elle la ferait, enfin sur ce qu'elle prétendait donc à mon sujet. Comme vous comprendrez aisément l'importance et la délicatesse de cette commission, je crois n'avoir pas besoin de vous instruire sur la façon dont il faut que vous vous y preniez, tant pour éviter tout malentendu et ombrage qui en saurait résulter, manque de sages précautions, que pour cependant vous expliquer ingénument avec ce ministre, qu'il s'ouvre naturellement envers vous et qu'il parle avec autant de sincérité qu'il sera possible.

Votre sagacité et adresse reconnue me rassure que vous conduirez tout ceci d'une manière à ce que je saurais parvenir à mon but pour apprendre les vraies intentions de la France relativement à la paix à faire avec elle, et pour que, d'un autre côté, il ne saurait arriver quelque préjudice à mes intérêts par cette conversation que vous aurez avec le ministre en question. J'attends votre rapport sur tout ceci.

Federic.

Nach dem Concept.



35-1 Hellen hatte, Haag 12. Januar, über ein Gespräch des Prinzen Ludwig von Braunschweig mit d'Affry berichtet, in welchem dieser über den Abschluss des österreichisch-französischen Bündnisses bemerkt hatte: „Saint-Severin [der französische Staatssecretär] en mourut à la lettre de rage et de dépit, après avoir écrit une lettre au Roi qu'il étoit bien aise de mourir, ne désirant pas de survivre à tous les malheurs que la nouvelle alliance attirerait à la France.“